La créatrice, qui a inventé le concept du "gender fuck" (un dépassement de la mode genrée ou dégenrée), a imaginé pour la saison printemps-été une collection mixte où se côtoient robes asymétriques moulantes, bermudas, larges blazers et kilts plus ou moins longs, dans une palette de blanc, bleu et rose pastel.
"C'est littéralement le drapeau trans", a expliqué Jeanne Friot à l'AFP. "C'était une manière de créer un moment de joie face à cette communauté qui est très oppressée en ce moment et à laquelle on enlève beaucoup de droits", notamment aux États-Unis où Donald Trump a promis, durant sa campagne présidentielle, de mettre fin au "délire transgenre".
En tant qu'"alliée" de leur cause, "il fallait en parler, en parler bien, les représenter, les rendre visibles", a insisté la styliste de 30 ans.
"Trans liveS matter" ("Les vies des personnes transgenres comptent" en français) était notamment inscrit en blanc sur un t-shirt noir porté par une mannequin recrutée la veille lors d'un casting ouvert à tous.
Fidèle à ses principes, Jeanne Friot a proposé une nouvelle collection éco-responsable. "Rien n'est neuf, on est toujours dans l'upcycling, le +made in France+, on ne fait que du +deadstock+ (stock de tissus de maisons de mode inutilisés, NDLR). C'est dur mais on continue", a-t-elle lancé.
Y figuraient notamment des robes confectionnées à partir de ceintures de cuir réutilisées, l'une de ses signatures qu'on retrouvait sur la tenue qu'elle a créée pour la cavalière d'argent qui a fait sensation lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris l'été dernier.
Cette tenue, vue par des milliards de téléspectateurs, est entrée en février dans la collection permanente du Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris.
"Beaucoup de choses ont changé" depuis un an, a souligné Jeanne Friot. "On s'est développé, l'équipe a grandi. (...) C'est toujours dur, c'est toujours un combat à chaque étape. Mais oui, on a eu un gros coup de boost grâce aux JO. Et on continue sur cette lancée", a-t-elle assuré.
Le créateur israélien Hed Mayner a, de son côté, présenté une collection à l'approche "quasi anti-structurelle du vêtement", précise la note d'intention.
Un trench léger accroché autour du cou se superpose par exemple à une veste de costume fluide, une cape s'ajoute à une veste sans manche et les t-shirts très BCBG sont asymétriques, comme si un pull s'était glissé dessous. Un pantalon qui semble taillé dans un foulard s'associe à un paletot à fleurs.
Les têtes se parent de chapeaux cloches très texturés, tandis que les pieds sont chaussés de baskets, de sandales en cuir à semelle épaisse ou de chaussons confortables.