Comme à chaque Fashion Week, l'effervescence s'est emparée de l'esplanade de l'Hôtel des Invalides, où s'est tenu le défilé, bien avant le début du show.
"On va voir le renouveau, moi j'ai trop hâte! On attend ça depuis longtemps", s'est enthousiasmée auprès de l'AFP Lou, étudiante en deuxième année d'école de mode, massée avec des centaines d'autres personnes devant le bâtiment historique.
Un renouveau qui s'est traduit sur le podium par une relecture des codes de la maison, dans une pièce feutrée avec aux murs quelques tableaux, inspirée des intérieurs de la Gemäldegalerie de Berlin, à l'intérieur d'une structure éphémère au cœur de la cour des Invalides.
Le show a réuni quelque 600 invités, soit moitié moins que d'habitude, et de nombreuses stars, comme Robert Pattinson, acteur et égérie de la marque, Daniel Craig, qui a porté les costumes de James Bond et d'Anderson dans le film "Queer" de l'Italien Luca Guadagnino, ou encore la pop star Sabrina Carpenter.
Enceinte de son troisième enfant et accompagnée de son conjoint, le rappeur Asap Rocky, la chanteuse Rihanna, pour qui le créateur a conçu des tenues de scène, s'est assise non loin de Bernard Arnault, PDG de LVMH auquel appartient Dior.
- "Décrypter et reprogrammer Dior" -
"Mon idée, c'est qu'il faut décrypter et reprogrammer Dior (...) Je ne voulais pas tout effacer mais, au contraire, continuer, honorer tout ce qui a été fait. Car Dior, c'est une maison capable de renaître en elle-même", a expliqué Jonathan Anderson à la presse avant le coup d'envoi de ce défilé printemps-été 2026.
Le Nord-Irlandais de 40 ans a notamment actualisé la robe Delft à travers de larges shorts cargo et réinterprété la veste Bar, emblématique de la maison, très cintrée à la taille. Il s'est également inspiré de l'esthétique de la robe Cigale, créée par Christian Dior en 1952, à la construction sculpturale et au tissu moiré.
Le quadra est remonté encore plus loin dans le temps avec des vestes queue-de-pie et des gilets des XVIIIe et XIXe siècles, présentés aux côtés de jeans et de larges sneakers.
Cette collection estivale se compose aussi de capes nouées autour du cou et de manteaux trapèze, de nombreux vestons, portés parfois à même la peau, et de mailles rebrodées de fleurs.
Le tout dans une palette sobre, avec du blanc, du beige, du gris et du noir, mais aussi des couleurs vives, comme du rose, du vert, du rouge et du lilas.
Côté accessoires, la cravate se porte à l'envers, laissant l'étiquette visible, le noeud papillon est très large. Chaque silhouette ou presque arbore un sac à la main ou à l'épaule, dont les fameux Book Tote frappés des titres des livres "Dracula", "Les Liaisons dangereuses" ou "Bonjour Tristesse".
- Mercato -
"C'est une collection qui est à la fois très Dior et très Anderson, signe d'un mariage qui va être, pour moi, réussi", résume auprès de l'AFP Matthieu Morge Zucconi, chef de rubrique mode masculine du Figaro. Mais "là où (le styliste) est vraiment attendu, c'est sur les femmes".
Après des mois de spéculations, Jonathan Anderson a été annoncé début juin à la tête des collections femme de Dior, en remplacement de Maria Grazia Chiuri, quelques semaines après son arrivée chez l'homme. Il devient ainsi le premier styliste depuis Christian Dior à superviser les trois lignes de la maison, avec la haute couture.
Au moment où le secteur du luxe multiplie les changements de direction artistique pour relancer sa croissance, cette nomination constitue l'un des mouvements les plus importants du mercato, avec celle du Franco-Belge Matthieu Blazy, 41 ans, chez Chanel.
Salué pour avoir propulsé sur le devant de la scène la griffe espagnole Loewe, également propriété de LVMH, Anderson est l'un des créateurs les plus prometteurs, dont la réputation s'est bâtie sur des coupes impeccables, avec une utilisation généreuse de matériaux nobles, comme le cuir et le métal.