A la faveur du remaniement, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a notamment hérité du portefeuille du tourisme. C'est avec cette nouvelle casquette qu'il a plaidé, hier sur RTL, en faveur d'une plus large ouverture des magasins le dimanche. « Le touriste qui vient le dimanche et qui se présente devant un magasin qui est fermé ne va pas revenir. [...] Il faut qu'il y ait une ouverture, compensée bien sûr pour les salariés », a-t-il argué. Le tourisme « est un secteur absolument central en France : 7 % de l'emploi, avec des marges de progression considérables ». Ces déclarations relancent le débat sur les ouvertures dominicales à Paris. Malgré l'insistance des milieux économiques, l'ancien maire, Bertrand Delanoë, a toujours refusé d'étendre ou d'augmenter les sept zones touristiques, un périmètre immuable depuis 2005 et qui exclut notamment le boulevard Haussmann où trônent les Galeries Lafayette et le Printemps. A l'heure actuelle, en additionnant les magasins situés en zones touristiques, les commerces de bouche (autorisés à ouvrir le dimanche matin) et les magasins qui ouvrent sans employés, seul un commerce sur cinq a rideau levé le dimanche dans la capitale.Les déclarations de Laurent Fabius interviennent alors que la situation est déjà appelée à évoluer. Dans la foulée de la remise début décembre du rapport de Jean-Paul Bailly (ex-PDG de La Poste) sur le travail dominical, Matignon a promis une vaste remise à plat, avec d'une part une nouvelle loi pour fixer les contreparties minimales pour les salariés, et d'autre part une redéfinition, par le dialogue social, des zones touristiques et des périmètres urbains (les « Puce » - type Plan de Campagne près de Marseille - hérités de la loi Mallié de 2009) où le travail dominical est autorisé. Salué par le gouvernement, le rapport Bailly allait dans le même sens que Laurent Fabius, en critiquant la frilosité de la Ville de Paris et en pointant que « la France est la première destination touristique du monde, mais seulement la neuvième en terme de panier moyen par touriste ».

Hidalgo entrouvre la porte

La future loi devrait être présentée et examinée au second semestre de cette année, précise le ministère du Travail, qui devrait en avoir la charge. Le dialogue social local sur la redéfinition des zones concernées serait lancé dans la foulée, pour une entrée en vigueur des nouvelles règles et des nouvelles zones « courant 2015 ». Se démarquant de la ligne Delanoë, la nouvelle maire de la capitale, Anne Hidalgo, a entrouvert, depuis le printemps 2013, la porte à une refonte des zones touristiques. En outre, la capitale devrait aussi bénéficier du futur passage de 5 à 12 ouvertures dominicales exceptionnelles par an qui devrait être acté, toujours suite au rapport Bailly, dans la future loi.