Pour se maintenir en tête du palmarès de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers. C'est parce qu'elle a encore progressé sur le sujet que la France conserve cette année sa première place dans le baromètre d'Equileap dont « Les Echos » publient en exclusivité les résultats.

Ce classement est réalisé à partir de 19 indicateurs, de la proportion de femmes dans les organes de direction aux salariés de base, aux politiques de lutte contre le harcèlement sexuel, en passant par, évidemment, la mesure de l'écart salarial ou les pratiques en matière de congé parental. Il porte sur 3.795 sociétés de 27 pays dont la capitalisation boursière atteint au moins 2 milliards de dollars.

La France, première avec un score de 57 %

Avec un score de 57 %, en hausse de 2 points, la France est talonnée par l'Espagne, à 56 %. « L'existence d'un cadre légal contraignant améliore les performances », souligne Diana van Maasdijk, la directrice générale d'Equileap. C'est particulièrement le cas dans ces deux pays qui, de surcroît, vont être aussi soumis comme leurs voisins européens à la directive sur la transparence des rémunérations publiée en mai 2023, que le gouvernement français s'est engagé à transposer d'ici au 1er janvier 2025, soit un an avant la date limite.Parce qu'elle a stagné à 53 %, l'Italie, qui occupait la troisième place du palmarès Equileap l'an dernier, a été reléguée au sixième rang. La péninsule reste cependant encore trois places devant l'Allemagne, qui atteint tout juste les 50 %. « Alors que l'Allemagne et la France ont une représentation similaire dans la base de données (avec 117 et 108 sociétés respectivement), il y a une nette différence de performance avec une seule entreprise allemande dans le Top 100 contre 12 françaises », souligne le rapport d'Equileap.

Forte volatilité du classement des entreprises

Ce qui frappe dans l'édition 2024, lorsque l'on regarde cette fois le classement des entreprises, c'est sa forte volatilité. Il suffit pour s'en convaincre de constater que la société d'exploitation routière en tête du Top 100 en 2024 est Transurban, dont le score a fait un bond et atteint le record de 80 %. Cette même entreprise d'infrastructures de transport australienne était huitième à 71 % en 2022 et seizième à 72 % en 2023. A contrario, Mirvac, entreprise australienne elle aussi du secteur de l'immobilier, en baisse de 3 points à 76 %, a dégringolé à la huitième place juste devant L'Oréal.Cette volatilité se retrouve dans le classement français. Le leader mondial des cosmétiques confirme sa place en tête du palmarès hexagonal tandis que Danone qui faisait pourtant la course en tête en 2022, se retrouve à la huitième place et Publicis, huitième cette année-là, est deuxième cette année.

L'histoire n'est pas écrite, mais la législation, encore une fois, devrait conduire les entreprises françaises à progresser dans les prochaines années en matière d'égalité professionnelle pour deux raisons. La première est la révision à venir de l'index d'égalité, en relation avec la transposition de la nouvelle directive européenne. La seconde est la loi dite Rixain votée en 2021 qui va imposer de féminiser les organes de direction des entreprises.

Loi Rixain

La contrainte n'est pas encore là : ce n'est qu'en 2027, que les entreprises de plus de 1.000 salariés devront compter au moins 30 % de femmes dans leurs organes de direction avant que ce taux ne passe à 40 % en 2030. Mais cette perspective a déjà commencé à faire bouger les lignes, montre le baromètre Equileap, qui confirme la tendance observée dans les sociétés du SBF 120. « L'augmentation de la place des femmes dans les instances de direction a commencé », constate Diana van Maasdijk, qui insiste sur le fait qu'« à chaque fois qu'une législation force les entreprises à plus d'égalité, ça les fait bouger ».La France est la leader incontestée de la féminisation des conseils d'administration, à la suite de la loi Copé-Zimmerman, avec un score de 46 %, devant la Norvège à 43 % et l'Italie à 42 %. Elle continue à faire moins bien sur les instances de direction que Singapour et la Norvège ainsi que l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais elle qui était à 23 % en 2022 est passée à 25 % en 2023 et a désormais rejoint la Suède à 27 % cette année.