Nouveau ministre, même méthode : poursuivant une habitude de Michel Sapin, son successeur au ministère du Travail, François Rebsamen, a reçu hier les partenaires sociaux et les préfets pour une réunion de mobilisation sur l'emploi. Dans la foulée du chef de l'Etat lundi dernier, il a confirmé de futurs efforts sur l'emploi des seniors, promettant de dévoiler un plan dédié en juin. Il s'appuiera, indique son entourage, sur un recours accru aux contrats de professionnalisation, des formations en entreprise et des « mises en situation professionnelles ». Une prime à l'embauche sera créée, mais ses modalités restent en débat.La réunion a aussi lancé la préparation de la prochaine conférence sociale, qui se tiendra « la semaine du 7 juillet ». Seront au menu les futures négociations interprofessionnelles de l'automne, sur le dialogue social dans l'entreprise et sur l'épargne salariale, mais aussi d'autres sujets que les partenaires sociaux voudraient inscrire à l'agenda. On évoque notamment l'emploi des jeunes. Au passage, la rue de Grenelle les a appelés à lancer au plus vite la négociation sur le futur fonds de financement de leur fonctionnement, en vue d'aboutir « avant la conférence sociale ». Dans l'immédiat, c'est toutefois le dialogue social dans les branches que François Rebsamen surveille de très près. En leur renvoyant la négociation des contreparties (embauches, formations, etc.) aux baisses de charges du pacte de responsabilité, les partenaires sociaux leur ont conféré un rôle crucial. Les branches ont aussi la mission clef de définir ces prochains mois les formations liées au futur compte personnel de formation, une autre réforme sur laquelle l'exécutif espère capitaliser dès 2015.

Sueurs froides

Mais ces dossiers qui s'empilent à l'agenda des branches ont de quoi donner des sueurs froides au gouvernement, tant la piètre qualité et l'inertie du dialogue social dans de nombreuses branches ont jusqu'ici constitué le talon d'Achille de la méthode Hollande de réforme par le renvoi à des négociations. Deux réformes portées par le ministère en ont déjà pâti. Le contrat de génération d'abord, où le dispositif n'a pas décollé dans les entreprises de plus de 50 salariés faute des indispensables accords préalables de branche. Sur les temps partiels ensuite, où, faute d'accords conclus fin 2013, le ministère a dû leur accorder six mois de plus (lire ci-dessous).Pas question pour l'exécutif de revivre cette mésaventure sur le pacte, qui doit relancer le quinquennat : « Les négociations doivent désormais se mettre vite en place pour avoir abouti comme prévu au plus tard fin décembre », insiste le ministère, en forme d'avertissement aux fédérations professionnelles patronales, tandis que François Rebsamen promet un « suivi très étroit et renforcé » des discussions. « C'est le moment pour certaines branches de prouver leur utilité », prévient son entourage. Sous-entendu : faute de quoi, le couperet pourrait tomber. La loi du 5 mars sur la formation professionnelle et le dialogue social donne en effet à l'administration les moyens de faire un grand ménage dans le maquis des quelque 700 branches recensées, hors secteur agricole, dans le privé.