Le rendez-vous aurait pu être le signe d'un sursaut. Cela ne sera pas le cas. La participation aux élections de représentativité des salariés des très petites entreprises pourrait être encore plus faible qu'en mars 2021, quand elle n'avait atteint que 5,4 %, s'éloignant encore un peu plus des 10,4 % du premier scrutin du genre, en 2012.

C'est le scenario qui se profile au vu du faible nombre de votants, selon les dernières données du ministère du Travail transmises vendredi aux syndicats que « Les Echos » se sont procurées. Le 6 décembre à 11 heures, le ministère du Travail a dénombré un peu moins de 180.000 votants contre un peu plus de 200.000 il y a trois ans et demi. Cela correspond à une participation de 3,28 %, soit 0,8 point de moins qu'en 2021 compte tenu de la progression du corps électoral (5,4 millions de personnes cette année). « C'est un peu désespérant », confie un syndicaliste.

Utilisation de France Connect

Cette fois-ci, pas de Covid pour expliquer le désengagement des électeurs. Et le ministère du Travail n'a pas ménagé ses efforts pour inverser la tendance à la baisse de la participation, soulignent les syndicats. En amont du scrutin qui a démarré le 25 novembre, comme pendant son déroulement. Parmi les simplifications qui auraient dû provoquer une baisse de l'abstention, il y a la possibilité d'utiliser le dispositif France Connect qui permet de se connecter avec son numéro de Sécurité sociale ou celui des impôts pour accéder au vote. Cela n'aura pas suffi.

0,85 % dans l'artisanat du bâtiment

C'est dans les îles, proches ou lointaines, que la faiblesse du nombre de votants est le plus marquée, selon les données concernant le vote électronique. A l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, déjà à 9,37 %, elles sont au mieux un peu au-dessus de 1 % (le plus étant 1,54 % en Corse). La participation est aussi particulièrement à la peine, avec seulement 1,9 % de votants, tout juste devant PACA, à 1,85 %, les Pays de la Loire affichant, eux, le score le plus élevé, à seulement 2,71 %.Ces données recouvrent cependant des réalités sectorielles différentes. La participation reste faible partout, mais elle l'est particulièrement dans l'artisanat du bâtiment et les hôtels cafés-restaurants, qui comptent respectivement 426.339 et 395.126 salariés inscrits sur les listes électorales (0,85 % dans les deux cas soit moins de 7.000 votants au total).Le secteur des particuliers employeurs, qui compte quelque 780.000 salariés, est encore plus éparpillé, mais la participation y est trois fois plus importante. Elle n'est cependant que de 2,56 %. Le secteur le plus mobilisé car très lié à l'intermittence était celui de la culture et le spectacle, à 5,1 % de participation mercredi. C'est chez les professions libérales que la mobilisation semble la moins faible, les deux activités où on vote le plus étant les pharmacies d'officine (3,78 %) et dans les agences d'architecture (3,81 %). Manifestement, le message adressé par l'U2P aux artisans, commerçants et professions libérales a été plus entendu par ces dernières que par ses autres composantes.

L'organisation, qui bataille pour obtenir un renforcement de la reconnaissance de sa représentativité patronale, a enjoint ses adhérents à inciter leurs salariés à voter. Avec une efficacité globalement limitée.

Du côté des syndicats, on sent poindre le découragement. Car cette fois-ci, les centrales ont décuplé leurs moyens pour tenter de séduire plus d'électeurs. Avec quelques initiatives originales : « J'ai acheté ma baguette de pain dans une pochette papier siglée CGT », s'amuse un syndicaliste d'une autre organisation. La CFDT a appelé ses 15.000 adhérents dans les TPE. FO et l'UNSA ont écrit à tous les électeurs. Toutes ont multiplié les démarchages. « Mais concrètement, ça ne change rien », constate un militant.