C'est à ce stade un scénario parmi d'autres, mais il pourrait contenter presque toutes les parties et offrir une sortie de crise. Alors que le gouvernement examine actuellement les options pour faire revivre ou remplacer l'écotaxe poids lourds, dont la mise en place a été différée sine die depuis le mouvement des « bonnets rouges », certains au sein de l'exécutif plaident pour une solution mixte. Celle-ci combinerait les propositions des parlementaires socialistes et de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. Ce serait l'option défendue par Bercy, même si dans l'entourage du ministre des Finances, Michel Sapin, on refuse de confirmer telle ou telle préférence et on souligne que les arbitrages ne sont pas imminents.Ce scénario propose de mettre en place une franchise kilométrique mensuelle dans l'esprit de ce qu'ont suggéré la semaine dernière les parlementaires de la mission d'information menée par le député Jean-Paul Chanteguet, dont Michel Sapin est le suppléant. Ces derniers proposent que les poids lourds puissent rouler gratuitement sur le réseau routier taxable pendant 281 à 844 kilomètres (selon le poids du véhicule et ses qualités environnementales).

Premiers bénéficiaires : les petits entrepreneurs locaux

La mise en place de cette franchise peut diminuer l'opposition à l'écotaxe des petits entrepreneurs locaux, qui en seraient les premiers bénéficiaires. Mais elle suppose de faire une croix sur 300 millions d'euros de recettes. Pour contourner cet obstacle, le scénario de compromis consisterait à combiner la franchise avec une ponction sur les sociétés d'autoroutes, dont la nature (tout comme la compensation qu'il faudra apporter aux sociétés concernées) reste à définir. Une piste proposée par Ségolène Royal dès sa nomination au gouvernement, arguant que les sociétés concessionnaires « font aujourd'hui 8,5 milliards de chiffre d'affaires et dégagent 2 milliards de bénéfices ».Reste que cette solution suppose de maintenir, au moins en partie, une taxe sur les poids lourds, dont la ministre de l'Ecologie ne veut, pour l'instant, pas entendre parler. La suspension de la taxe a représenté un manque à gagner de 800 millions pour l'Etat cette année, et pourrait coûter au final 1,1 milliard si la ressource n'est pas compensée.Pour 2014, le manque à gagner a été compensé par une limitation des dépenses de l'Afitf, l'agence qui finance les grands chantiers d'infrastructures de transports (entretien des routes, développement des réseaux ferré et navigable) et par une dotation complémentaire de l'Etat. Mais la question reste entière au-delà de cette année.