Manuel Valls a revu sa copie. Présentant son plan de 50 milliards d'économies, il y a deux semaines, le Premier ministre avait sorti l'artillerie lourde et opté pour un ton martial. Pour apaiser la fronde à gauche, il a mis hier de l'eau dans son vin. A la veille du vote sur le programme de stabilité à l'Assemblée, le chef du gouvernement s'est fait plus conciliant. Et il a surtout lâché du lest. « Pour la préparation de ce vote, qui est tout sauf indicatif, mais décisif, j'ai souhaité que le Parlement soit respecté, c'est-à-dire non seulement écouté mais entendu », a-t-il expliqué dans une lettre envoyée aux parlementaires de la majorité.Comme le réclamaient les députés socialistes, l'exécutif a amendé plusieurs dispositions. Les retraités percevant moins de 1.200 euros de pensions ne seront pas concernés par le gel des pensions prévu. Le plan pauvreté, qui prévoit notamment une hausse du RSA, sera appliqué dès septembre et non plus renvoyé à l'automne 2015. Les fonctionnaires, eux, devront se contenter d'un « réexamen chaque année » du gel de leur point d'indice. Cela représente au total quelque 500 millions d'euros d'économies en moins pour l'Etat par rapport à ce qui était prévu. « C'était la marge nécessaire au dialogue. Et ça ne remet pas en cause l'équilibre global », plaide un membre du gouvernement.

« Vote de confirmation »

L'essentiel, pour l'exécutif, était de déminer le terrain avant le vote, cet après-midi sur les orientations économiques de la France. Pas question de laisser saper la « nouvelle étape » du quinquennat. Pas question, pour Manuel Valls, d'être affaibli par ses propres troupes. Pour le Premier ministre, le vote consultatif d'aujourd'hui a valeur de nouveau vote de confiance (lorsque 11 députés PS s'étaient abstenus). « C'est un vote de confirmation », a résumé le porte-parole du groupe socialiste, Thierry Mandon.Le chef du gouvernement ne veut pas avoir besoin des voix de l'opposition. « C'est à la majorité de prendre ses responsabilités », a expliqué dimanche Manuel Valls. « C'est un moment important. Déterminant. […] C'est un rendez-vous majeur. Il nous oblige à nous dépasser. Avec courage », a-t-il martelé hier. « Nous avons vécu depuis des années audessus de nos moyens. [...] Le pays a besoin de se réformer, dans la justice, mais il a besoin de se réformer vite », a-t-il expliqué, appelant les acteurs territoriaux de l'Etat à se mobiliser pour assurer la réussite du pacte de responsabilité. Et à s'assurer que les marges dégagées par les allégements de charges soient utilisées pour l'investissement et l'emploi, « pas pour les dividendes et les rémunérations des dirigeants ».François Hollande est lui aussi monté au créneau pour défendre sa politique. En clôturant la même réunion sur l'emploi. « Le cap est clair : accélérer le rythme de la croissance par une réduction des coûts des entreprises, soutenir le pouvoir d'achat par une baisse des prélèvements obligatoires, réduire les déficits par des économies », a-t-il dit, faisant du pacte « la stratégie de la France jusqu'à la fin du quinquennat » et insistant sur la nécessité de « créer le déclic » au moment où « la reprise se dessine ». Ce coup d'accélérateur suffira-t-il ? « C'est un pari, a avoué le chef de l'Etat, mais le seul pari qu'il convient de ne pas faire, c'est de ne rien faire. Parce que là, on sait ce qui se produit… »