Les États-Unis enregistrent "des déficits budgétaires durablement élevés" qu'il faut financer, alimentant des inquiétudes sur leur capacité à rembourser leur dette à long terme, alors que les taux d'intérêt d'emprunt sont élevés, indique l'institution monétaire dans son rapport semestriel sur la stabilité financière. 

"Combinées aux inquiétudes du marché concernant l'indépendance des banques centrales, ces évolutions ont affaibli le rôle de valeur refuge des bons du Trésor américain et le dollar américain", note la BCE.

Un dollar plus faible peut, en retour, "amplifier les effets des droits de douane américains sur les exportateurs de la zone euro", car les entreprises européennes vendant aux États-Unis voient leur compétitivité affectée.

Les marchés financiers mondiaux, largement influencés par ce qui se passe aux États-Unis, pourraient aussi être perturbés et cela pourrait mettre à mal la stabilité financière en Europe, ajoute la BCE. 

Ces tensions se manifesteraient notamment par "des fluctuations désordonnées des devises, des effets négatifs sur la compétitivité commerciale et des variations des coûts de financement pour les États, les entreprises et les banques" du continent.

Les marchés ont déjà été secoués en avril quand le président Trump a lancé sa guerre commerciale, obligeant à réévaluer le profil de risque des actifs américains. 

Depuis, "le risque d'une guerre commerciale a été écarté", a souligné le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, lors d'une conférence téléphonique.

Ces tensions font toutefois partie du paysage mondial, marqué par "des annonces de droits de douane, pauses et revirements", relève le rapport. 

La BCE alerte également sur les risques liés à l'engouement autour de l'intelligence artificielle, conduisant à des valorisations excessives des marchés dans la tech américaine, ce qui pourrait entraîner des corrections brutales en Bourse.

"Les marchés anticipent un scénario très favorable, dans lequel l'IA serait entièrement mise en œuvre et adoptée", a pointé M.de Guindos.

La tâche de la banque centrale est quant à elle d'"identifier les faiblesses possibles si ce scénario ne se réalise pas, ou s'il y a un accident".

Son message se veut cependant rassurant, la situation actuelle n'étant pas comparable "avec celle des entreprises lors de la bulle Internet" au tournant des année 2000.

A l'époque, de nombreuses start-ups technologiques et sites web avaient atteint des capitalisations boursières astronomiques, souvent sans bénéfices réels ni modèle économique viable, avant de s'écrouler.