DMI (Montluçon), JPM (Moulins), Candia (Vichy)… en 2013, la disparition de trois PME emblématiques de l'Allier a entraîné la suppression de 400 emplois directs. Affaibli par ces plans sociaux et quelques autres, le département a rebondi en s'engageant plus vite que les 12 autres territoires sélectionnés par l'Etat pour la création d'une plate-forme d'anticipation des mutations économiques. Ces 13 territoires correspondent à des zones où l'emploi et les métiers évoluent rapidement. Dans la zone d'emploi de Saint-Nazaire, il s'agit par exemple d'accompagner les PME à passer du naval vers l'aéronautique ou les énergies marines.Ce dispositif va à rebrousse-poil des classiques conventions de revitalisation que dégainent les territoires quand un gros employeur fait défaut. Pierre Guyot, directeur adjoint du Comité d'expansion économique de l'Allier, pilote deux de ces conventions de revitalisation. « Elles sont mises en place pour panser les plaies ; à l'inverse, la plate-forme d'anticipation des mutations économique vise à éviter la casse », relève-t-il.Concrètement, il s'agit de convaincre les acteurs économiques locaux de coordonner leurs actions pour proposer des outils concrets aux entreprises et aux salariés en quête d'adaptation ou de reconversion professionnelle, explique la Direccte Allier. C'est elle qui a fédéré une quarantaine de « partenaires » : chambres consulaires, organismes de formation, collectivités, comité d'expansion économique, Pôle emploi, fédérations d'employeurs… Prévue pour être active pendant dix-huit mois, à compter d'avril 2013, cette plateforme est dotée d'une enveloppe de 200.000 euros.Dans l'Allier, il s'agit avant tout de « maintenir le tissu économique existant qui est constitué de beaucoup de toutes petites structures », précise Léa Drieux, animatrice de la plate-forme. La trentaine d'actions mises en place visent donc à accompagner les entreprises existantes et à accompagner la transmission et la reprise d'entreprises. A partir de là, trois grands thèmes d'action ont été définis : les ressources humaines et la formation, la stratégie d'entreprise et la reprise-création-transmission.

« Dépasser le cadre politique et administratif »

Il s'agit par exemple d'accompagner les entreprises du bâtiment vers la labellisation « reconnu Grenelle de l'environnement ». Ce label conditionnera à partir du 1er juillet l'obtention par les particuliers des aides d'Etat à la rénovation thermique des logements. « Le Conseil général de l'Allier a lancé un plan d'aide à la rénovation de l'ancien qui va concerner 30.000 logements en dix ans », explique Léa Drieux. « La plate-forme est un lieu d'échange d'informations qui permet de rapprocher les mondes du conseil aux entreprises et de la formation », confirme Pierre Guyot.En Franche-Comté, l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard fait également partie des territoires qui ont le plus vite saisi l'opportunité du dispositif. Sa plate-forme baptisée ici « plate-forme RH » couvre un bassin d'emploi de 300.000 habitants sur trois départements : le Doubs, le Territoire de Belfort, la Haute-Saône. « Nous avons réussi, avec les trois préfets, à mettre en place une gouvernance à cette échelle, à dépasser le cadre politique et administratif. L'aire urbaine, c'est une zone économique cohérente », estime Jean Ribeil, directeur de la Direccte Franche-Comté.Avec la saturation du marché automobile européen et les turbulences du marché mondial de l'énergie, les deux filières phares de ce territoire, l'automobile et l'énergie, connaissent un creux d'activité. La plate-forme RH, qui arrive à point nommé, est au coeur du plan territorial pour l'emploi et les quatre structures qui l'animent (Maisons de l'emploi de Belfort et Montbéliard et deux organismes paritaires de formation, Opcalia Franche-Comté et Agefos-PME) ont lancé la phase opérationnelle début mars. « L'intérêt de la plate-forme, c'est son effet levier », assure Jean Ribeil. « Les 300.000 euros qui lui sont alloués vont permettre de mobiliser 1,8 million d'euros. »