Des militaires ont annoncé mercredi avoir pris le "contrôle total" de la Guinée-Bissau et ont interrompu le processus électoral juste avant l'annonce des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives du 23 novembre. 

Jeudi, les putschistes ont nommé le général Horta N'Tam, jusqu'ici chef d'état-major de l'armée de terre, pour diriger un Haut commandement militaire pour la restauration de l'ordre (HCM) et la transition politique.

"Le président de la République de transition, le major-général Horta N'Tam, a nommé par décret présidentiel Monsieur Ilidio Vieira Té Premier ministre et ministre des Finances", indique le décret publié vendredi. 

M. Té est le dernier ministre des Finances du président Umaro Sissoco Embalo, destitué lors du coup d'État de mercredi. Il va cumuler les fonctions de chef de gouvernement et de ministre des Finances. 

Lors d'une brève cérémonie d'investiture à Bissau vendredi, le nouveau chef de la junte a salué un "bon travailleur" avec qui il souhaite "continuer à travailler ensemble dans un même navire".

"Le peuple nous attend et attend beaucoup de votre engagement", a déclaré le nouvel homme fort du pays.

Le président Embalo, arrêté entre mercredi et jeudi à Bissau, s'est réfugié au Sénégal où il est arrivé "sain et sauf" jeudi soir à bord d'un avion affrété par Dakar, a indiqué le gouvernement sénégalais dans un communiqué.

Jeudi, le HCM avait levé le couvre-feu nocturne imposé la veille, nouveau signe d'une certaine stabilité malgré le coup d’État, après l'annonce le même jour de la réouverture de "toutes les frontières, fermées depuis mercredi après-midi". Il avait aussi ordonné "la réouverture immédiate" des écoles, des marchés et des institutions privées.

La Guinée-Bissau, pays lusophone côtier d'Afrique de l'Ouest situé entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), avait déjà connu quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a ainsi souvent donné lieu à des contestations.

Dans une déclaration à l'AFP jeudi, l'opposant bissau-guinéen Fernando Dias, principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin du 23 novembre, a affirmé avoir remporté l'élection présidentielle. Il a en outre accusé le président Embalo d'avoir "organisé" le coup d'État qui a suspendu le processus électoral et porté des militaires au pouvoir.