A la veille de l'ouverture de la Coupe du monde, la Fifa tient son 64e congrès à São Paulo sous haute tension. Bien plus que les troubles sociaux persistants du pays hôte de son vingtième Mondial, l'atmosphère électrique au sein de la fédération internationale s'explique plus que jamais par l'attribution controversée de la Coupe du monde de 2022 au Qatar, mais aussi la volonté de réforme de l'organisation manifestée par certains membres de la Fifa, deux points non sans relation d'ailleurs.S'agissant du dossier qatari, ce que d'aucuns appellent désormais le « Qatargate », le dernier coup de semonce est venu du côté d'autres partenaires de la Fifa. Après Visa, Sony, Emirates, Adidas, Hyundai-Kia et Coca-Cola, Anheuser-Busch, la maison mère du brasseur Budweiser, un sponsor de second rang de la fédération, a appelé la Fifa à régler le problème. De son côté, BP, maison mère de Castrol, autre partenaire secondaire de l'organisation, lui a enjoint de faire face aux allégations de corruption de « manière appropriée ».Les appels à une clarification salutaire se multiplient alors que le rapport du chef des enquêteurs de la Fifa, le juriste américain Michael Garcia, devait initialement être connu en juillet. Les conclusions du rapport, à boucler pour le 9 juin, auraient été connues après la Coupe du monde au Brésil.Mais un coup de pression était par ailleurs attendu au sein même de la fédération. A en croire le « Financial Times », plusieurs responsables du football européen avaient prévu de dénoncer l'échec d'une réforme de la Fifa et son manque de transparence.Dans ce contexte, le président de la fédération, Joseph Blatter, va devoir démontrer son habileté extrême. « C'est un animal politique », assure, sous couvert de l'anonymat, un président d'une fédération européenne de football. Ce 64e congrès de la Fifa est d'autant plus un rendez-vous crucial pour son inoxydable patron que Joseph Blatter, toujours en jambes, est candidat à un cinquième mandat en dépit de ses soixante-dix-huit ans…Il n'est toutefois pas sûr qu'il s'achemine vers un duel avec le président de l'UEFA, Michel Platini. Le patron du foot européen, qui fait office, pour beaucoup, d'héritier de Joseph Blatter, réfléchit, certes, de longue date à une éventuelle candidature. Sa décision sera connue après le Mondial brésilien. Selon un responsable du football continental, l'ancien capitaine et sélectionneur des Bleus se refuserait toutefois à défier son ex-mentor.