Le porte-parole du micro-parti d'extrême gauche Révolution permanente, 38 ans, sera finalement jugé le 25 juin 2026. "Si on a le temps de nous juger dans un an, ça montre bien que nos propos ne sont pas si inquiétants", a ironisé M. Kazib devant les médias, dénonçant une "criminalisation des militants politiques et syndicalistes" de la défense de la cause palestinienne.

Dans une salle emplie de soutiens, dont plusieurs portaient un keffieh palestinien sur les épaules, le tribunal a indiqué que l'audience était trop chargée pour examiner ce dossier. 

Le député LFI Eric Coquerel était présent.

"Cela n'aura échappé à personne, il y a beaucoup d'enjeu", a dit le procureur, "déplorant" aussi de ne pas pouvoir juger ce dossier rapidement.

A l'origine de la convocation d'Anasse Kazib, une plainte déposée en janvier 2024 par une association, "Jeunesse française juive" (créée le 7 octobre 2023), qui visait aussi une quarantaine de personnalités dont le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.

On reproche au militant trois retweets le jour de l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 ("vive la résistance palestinienne"; "Offensive surprise contre l'Etat colonialiste d'Israël. Soutien à la résistance palestinienne !"...) et un tweet, en réponse à une condamnation de l'attaque de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ("ils se tiennent au côté du boucher").

Il encourt sept ans d'emprisonnement.

Sa défense avait fait citer plusieurs témoins (le journaliste spécialiste du Moyen-Orient Alain Gresh, la chercheuse Vanessa Codaccioni, l'historien israélien Ilan Pappé...) ainsi que l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic qui a récemment dénoncé plusieurs fois l'utilisation "totalement dévoyée" de l'infraction d'apologie du terrorisme, conçue pour viser les sites de propagande jihadiste.

L'avocate d'Anasse Kazib, Elsa Marcel, a déploré le décalage entre "l'intensité des poursuites sur la base d'une plainte pour le moins douteuse" et la bien insuffisante "heure et demi" d'audience qui avait été prévue. "Ils organisent des poursuites politiques mais ne veulent pas qu'on se défende politiquement".

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées à partir de midi sur le parvis du tribunal pour scander "relaxe pour Anasse", et "nous sommes tous des enfants de Gaza". Ils ont brandi une grande banderole de Révolution permanente "Stop genocide Free Palestine" ainsi qu'une autre en soutien au militant libanais propalestinien Georges Abdallah, dont une énième demande de remise en liberté doit être examinée jeudi devant la cour d'appel de Paris. Condamné en 1987 à la perpétuité pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien à Paris en 1982, il est incarcéré depuis 40 ans en France.