La France a vu sa compétitivité industrielle se dégrader nettement au cours des dix dernières années. Dans une étude dévoilée ce matin, le cabinet Boston Consulting Group estime que le pays affiche aujourd'hui une compétitivité inférieure d'un quart à celle des Etats-Unis. Son indice du coût de fabrication est en effet passé de 115 en 2004 à 124 aujourd'hui, là où les Etats-Unis affichent un indice de référence de 100. Au total, l'Hexagone se classe désormais au 23e rang des 25 plus gros exportateurs de produits manufacturiers, cédant une place. Plus compétitive que l'Allemagne en 2004, la France a perdu son avantage en la matière. Dans le même temps, l'écart s'est creusé avec le Royaume-Uni et l'Espagne, passant de 7 à 16 points dans le premier cas et de 10 à 16 points dans le second.

Faibles gains de productivité

A quoi tient ce recul dans le classement mondial ? Il est lié à la fois à une inflation salariale trop importante, à des gains de productivité insuffisants et une hausse des coûts de l'énergie. En l'espace de dix ans, la productivité des salariés français de l'industrie a progressé de 5 %, contre un bond de 20 % au Royaume-Uni, de 23 % en Espagne et de 14 % en Allemagne, note le BCG. Attaquée sur ses marchés d'exportation, l'industrie française n'a pas réussi à monter suffisamment ses prix pour générer plus de valeur ajoutée par ouvrier. Un décalage lié à un positionnement de gamme trop standard et à des investissements insuffisants dans l'appareil de production. « Il y a une crise de défiance des industriels, qui investissent dans d'autres pays mais plus forcément en France », explique Olivier Scalabre, directeur associé au Boston Consulting Group.

Inflation salariale

Dans le même temps, la France a pâti d'une inflation salariale trop forte. Si celle-ci s'est avérée similaire à celle de l'Espagne ou du Royaume-Uni, elle a nettement surpassé les hausses de salaires en Allemagne, annihilant l'avantage compétitif français. Ce phénomène a entraîné une redistribution des cartes sur le Vieux Continent. « En Europe, les pays les plus compétitifs ne sont plus forcément ceux qu'on croit. Aujourd'hui, il y a par exemple plus d'écart entre la France et le Royaume-Uni en matière de compétitivité qu'entre le Royaume-Uni et la Pologne », souligne Olivier Scalabre.La donne a également changé en Asie. La Chine a vu son avantage concurrentiel se réduire (hors coûts de transport) par rapport aux Etats-Unis. Du fait de l'inflation salariale, l'écart est désormais inférieur à 5 points entre les usines chinoises du delta du Yangzi et les sites de production américains. D'autres pays comme l'Indonésie, l'Inde ou la Thaïlande ont en revanche gagné en compétitivité par rapport aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, le Mexique est devenu plus concurrentiel que la Chine en s'appuyant sur une forte intégration avec l'économie américaine. En plein essor, le Mexique a attiré bon nombre d'industriels de l'automobile et de géants de l'électronique grand public. Ambitieux, le pays entend désormais ouvrir son catalogue aux acteurs de l'aéronautique.