Voilà une courbe dont François Hollande a réussi à inverser la tendance depuis deux ans. En 2013, la France a réduit son déficit du commerce extérieur de 6 milliards d'euros. Celui-ci s'établit à 61,2 milliards, à comparer au déficit record de 74 milliards de l'année 2012. Faut-il en déduire que la compétitivité des entreprises françaises à l'export s'améliore et que la balance commerciale pourrait prochainement revenir à l'équilibre ?La réalité est malheureusement bien différente, comme le rappelle le montant astronomique de 459 milliards du déficit commercial accumulé au cours des dix dernières années. Ce chiffre est d'autant plus inquiétant que la balance des paiements en est désormais gravement affectée. En effet, depuis 2005, l'ensemble des services et des transferts unilatéraux ne suffit plus à combler le déficit lié aux échanges de biens et services. Ainsi, ce sont près de 240 milliards qu'il a fallu emprunter au cours des neuf dernières années pour financer ce déséquilibre.Ces mauvais résultats ont un impact sur la dette, mais aussi sur la croissance économique. Chaque année, ce sont des dixièmes de point de croissance qui disparaissent faute de dynamisme des exportations. Aucun pays ne peut raisonnablement supporter très longtemps un tel déficit commercial. Comme l'a souligné Louis Gallois dans son rapport sur la compétitivité de l'industrie française, « à terme c'est notre modèle même de société qui risque de se voir remis en cause ». Or la société française n'a pas pris conscience de la gravité du problème. Peu nombreux sont les responsables politiques à reconnaître publiquement l'urgence de la situation. Les actions engagées dans le cadre des pactes de compétitivité et de responsabilité vont dans le bon sens, mais sont insuffisantes pour redonner aux entreprises les marges de manoeuvre nécessaires. Le tableau est donc particulièrement sombre. Pourtant, il est paradoxalement porteur d'espoir.La première raison d'espérer a trait aux causes traditionnellement avancées pour expliquer la dégradation du commerce extérieur, à savoir la montée des pays émergents, l'euro fort et le coût de l'énergie. N'en déplaise aux souverainistes et autres partisans de la démondialisation, ces causes n'expliquent que partiellement la situation actuelle de la France. C'est en soi une bonne nouvelle car ce sont là des facteurs exogènes sur lesquels il serait particulièrement difficile d'agir.Certes, la France présente un déficit significatif vis-à-vis de la Chine ou de la Corée du Sud, mais ces pays sont également les débouchés commerciaux qui présentent la plus forte croissance pour les produits Made in France. Certes, l'euro fort pénalise les exportateurs français, mais cela ne nous empêche pas de dégager un excédent commercial avec le Royaume-Uni et, a contrario, un déficit avec l'Allemagne, la Belgique ou l'Italie, avec qui nous partageons pourtant la monnaie. Certes, la facture énergétique reste importante, mais elle l'est proportionnellement moins qu'elle a pu l'être par le passé.Si ces facteurs n'expliquent qu'une partie des faiblesses du commerce extérieur français, c'est que celles-ci sont surtout liées à des causes endogènes. Précisément, elles se trouvent dans les fondements mêmes de l'économie française. C'est là une deuxième raison d'espérer : il se dégage un consensus sur la nécessité de rétablir les conditions de la compétitivité des entreprises françaises à l'international.Il ne s'agit pas tant de baisser le coût du travail pour restaurer la compétitivité/prix, ce qui n'aurait qu'un impact de court terme, que de favoriser par ce mécanisme la restauration de leurs marges. C'est en effet un prérequis nécessaire aux investissements et à l'innovation. Plus encore que la compétitivité/prix, c'est la compétitivité hors prix qui s'en trouvera améliorée. C'est à cette condition que les entreprises pourront engager la stratégie de montée en gamme que beaucoup d'observateurs appellent de leurs voeux, sans toujours bien en mesurer les exigences.Mais l'Etat, et c'est heureux, ne possède qu'une partie de la réponse. La troisième raison d'espérer réside dans les entreprises. Les grands groupes français, mais également de nombreuses PME, champions cachés de l'export, ont su prendre depuis plusieurs années le tournant de la mondialisation. Ils en sont aujourd'hui les premiers bénéficiaires. La mondialisation n'est donc pas une fatalité et le « génie français » peut y trouver toute sa place, à condition de s'adapter et de lui donner les moyens de le faire. Tout reste possible.