Le numérique est davantage une révolution des usages qu'une révolution technologique », expose Patrick Bertrand, directeur général de Cegid et ancien président du Conseil national du numérique. Il rappelle souvent aux « startuppers » qu'ils doivent se considérer d'abord comme des entrepreneurs et non comme de simples « inventeurs d'idée ». L'entrepreneuriat n'est pas « l'aventure d'un jour ». Sans trop céder à la caricature du « créateur du week-end » attiré par les feux de la rampe entrepreneuriale « comme à la StarAc » et par un virtuel jackpot lors de la cession de sa société, le numérique contribue plus que tout autre secteur à l'émergence de « serial entrepreneurs » tels Jean-Michel Cambot (TellMePlus), Sylvain Tillon (Tilkee) ou Mehdi Coly (Optimiz Me). Sans profil type.Inventeur de Business Objects, Jean-Michel Cambot espère avoir trouvé un nouveau Graal en fondant TellMePlus qui valorise des technologies de profiling prédictif auprès de commerçants. A vingt-huit ans, Mehdi Coly n'est pas encore rassasié par ses deux premières créations. Ces récidives sont rendues possibles par « les technologies disponibles qui permettent de démarrer des projets assez vite », note Patrick Bertrand. Et ce, dans une multitude de domaines d'activité et de niche qui paraissent à certains infinis. Parmi ces outils, le cloud, les imprimantes 3D, le « big data » ouvrent de nouveaux horizons. Le cloud diminue le coût de certains logiciels, facilite le travail collaboratif en temps réel, contribue à des démarches de co-innovation en associant des clients au processus de développement d'un nouveau produit. Tilkee utilise par exemple la puissance cumulée du cloud et du « big data » pour sa solution d'hébergement et de suivi de propositions commerciales.
« En travaillant ensemble, on est plus innovant », constate Patrick Bertrand, qui incite les startuppers à ne pas négliger les conseils plus traditionnels (juridique, avocat, expert-comptable), bien utiles dans la structuration d'un projet. « Le cloud n'est pas un passage obligé pour les start-up, ajoute Eric Burdier, directeur général de l'accélérateur privé Axeleo. Il est nécessaire toutefois pour se développer sur le marché américain. »
Les outils numériques de gestion de la relation client (CRM) démultiplient par ailleurs le processus commercial des start-up. Chez Axeleo, toutes celles de l'accélérateur alimentent un CRM unique, intégré et mutualisé, qui constitue une base de données dans laquelle chacune peut puiser des prospects. Axeleo encourage aussi la quinzaine de start-up qu'il héberge à utiliser les technologies développées par leur « voisin de palier ».Sur ce registre participatif, le « crowdfunding » a modifié les modalités d'accès au financement. Les levées de fonds qui font appel à la mobilisation des internautes sont complémentaires du financement familial ou amical. « Ca marche si le message passé par les start-up est intelligible », souligne Eric Burdier. L'accélérateur qu'il dirige s'est rapproché fin 2013 de la plate-forme de financement participatif Anaxago, qui a collecté quelque 2 millions d'euros pour une dizaine d'entreprises depuis sa création en septembre 2012. Une première start-up accompagnée par Axeleo va bénéficier du relais d'Anaxago : Job Web, qui se présente comme « le Bon Coin du recrutement ».Le crowdfunding ne doit pas occulter d'autres sources de financement, en particulier la Bourse, estime Patrick Bertrand, le directeur général de Cegid qui fait référence à l'histoire de cette société lyonnaise cotée trois ans après sa création. Dans cette optique, un autre site de « crowdfunding » d'origine lyonnaise, Axiona Start-up, se propose de « booster la croissance d'entreprises de toutes tailles ». Fondée par Richard Vincent et Louis Leullieux, cette plate-forme de financement participatif s'inscrit dans un parcours de financement désintermédié qui peut déboucher sur une cotation en Bourse.