Voilà une étude qui va remettre au coeur du débat l'objectif avancé par le Medef de créer 1 million d'emplois d'ici à cinq ans. Suite à la polémique suscitée par Pierre Gattaz (lire ci-contre), le patronat avait indiqué qu'il préciserait secteur par secteur comment y parvenir. Il avait alors commencé d'échanger avec le cabinet de conseil McKinsey. Ce dernier a élargi et approfondi les travaux et publie, aujourd'hui (indépendamment du Medef) un rapport intitulé « Dynamiser le marché du travail en France pour créer massivement des emplois », dont « Les Echos » ont obtenu copie.Avec une idée forte : le niveau élevé de chômage n'est pas une fatalité et des gisements d'emploi sont sous-exploités dans l'Hexagone. D'après les calculs de McKinsey, qui s'est appuyé à la fois sur les travaux d'économistes, des entretiens auprès de DRH de grands groupes, et des échanges avec les fédérations professionnelles du Medef, plusieurs secteurs d'activité sont en capacité de créer des centaines de milliers d'emplois, sous réserve de mener certaines réformes.Les métiers de la recherche, du conseil et tous ceux qui sont liés aux nouvelles technologies (le Big Data, l'Internet mobile, l'e-Learning...) arrivent en tête du palmarès. Pas moins de 222.000 emplois pourraient y voir le jour : 153.000 en création spontanée (c'est-à-dire sans aucune réforme additionnelle, hors celles déjà décidées via le pacte de responsabilité), et 69.000 postes supplémentaires si certains leviers étaient actionnés : assouplissement de la durée de travail des cadres, renforcement du capital-développement pour les start-up, par exemple.

Taux de chômage à 8,9 %

La distribution, principal secteur pourvoyeur d'emplois en France avec plus de 4,1 millions de salariés, est aussi l'un des plus prometteurs. 155.000 emplois pourraient y être créés d'ici à 2018 selon McKinsey, « à condition d'accroître la flexibilité des horaires d'ouverture le dimanche et en soirée, et de simplifier les règles d'urbanisme commercial ». Un chiffre auquel il faut rajouter les créations « naturelles » d'emplois du secteur, qui s'élèvent selon McKinsey à 60.000 postes. La construction fait aussi partie des secteurs porteurs avec 200.000 postes à créer d'ici à cinq ans, à condition de libérer du foncier et d'accélérer en matière de rénovation thermique.Au total, ce serait plus de 1 million d'emplois qui pourraient être créés d'ici à 2018. Cette estimation tient compte des destructions d'emplois qui interviendraient dans plusieurs domaines d'activité. En premier lieu dans les services manufacturiers : 135.000 postes devraient disparaître « sous l'effet des mutations de la demande et de la concurrence des pays à faibles coûts de production. » Quant à la finance et aux assurances, « la digitalisation en cours devrait engendrer des gains de productivité substantiels dans les agences aujourd'hui très intensives en main-d'oeuvre et peser sur les emplois du secteur, ce qui amènerait à détruire 87.000 emplois à horizon 2018 », note le rapport.Prises dans leur ensemble, « ces créations d'emplois toucheraient l'ensemble de la population, les emplois qualifiés tout comme les moins qualifiés », affirme Eric Labaye, membre du comité de direction mondial de McKinsey. Elles permettraient de ramener le taux de chômage de plus de 10 % actuellement (DOM compris) à 8,9 %.