« Je ne crois que ce que je vois. » Les entreprises sont comme saint Thomas : « Elles ne croient que ce qu'elles touchent », ironisait hier le ministre des Finances, Michel Sapin, lors d'un déplacement dans le Val-d'Oise. L'objet de cette visite dans une usine de la filière aéronautique était d'apporter la preuve aux entreprises que le crédit impôt compétitivité et emploi (Cice) est désormais entré dans sa phase concrète. Le ministre a annoncé que 7 milliards d'euros avaient été ou étaient en passe d'être distribués aux entreprises en juin. Au total, ce sont 12 milliards qui seront versés d'ici au début de l'année prochaine pour tenir compte, notamment, des entreprises dont la clôture des comptes est différée. Enfin, 8 milliards supplémentaires viendront s'ajouter l'an prochain. « Quand on prend des engagements, on les tient », a affirmé le ministre, allusion directe aux inquiétudes des chefs d'entreprise, qui craignent que le pacte de responsabilité, notamment la baisse de la fiscalité étalée sur trois ans, ne soit une promesse de Gascon. « Beaucoup d'entreprises hésitent, sont dans l'attente. Mais, si tout le monde attend, il ne se passera pas grand-chose. La croissance, elle se crée chez vous, dans vos entreprises », a ajouté Michel Sapin.Dans l'usine visitée hier, ce sont 27.000 euros qui viennent d'être versés au titre du Cice. Le patron de l'usine compte embaucher 8 personnes supplémentaires par rapport aux 25 salariés qui y travaillent déjà. Michel Sapin a aussi participé à une table ronde qui réunissait des dirigeants d'entreprises du département. Tous ont fait part de leur satisfaction vis-à-vis du Cice, mais avec des nuances. Certaines entreprises présentes vont toucher jusqu'à 800.000 euros cette année. La plupart vont chercher à améliorer leur prix de revient ou leur coût de production et tenter d'être plus compétitives à l'exportation. Pour celles qui sont le plus en difficulté, ce sera un moyen de garder la tête hors de l'eau. « Le Cice c'est intéressant, mais ce n'est pas ce qu'attendent les chefs d'entreprise. Ce qu'on attend, ce sont des baisses de charges nettement identifiées et durables », remarquait un équipementier automobile. Michel Sapin a indiqué qu'« il n'est pas exclu que le Cice se transforme en suppression des cotisations familiales après 2016 ».

Gattaz rend coup pour coup

Pour lui, c'était aussi l'occasion de montrer que tous les patrons ne sont pas aussi sceptiques et vindicatifs que ce que le Medef laisse entendre : « J'ai entendu des patrons exigeants, mais qui reconnaissent que le Cice est bien une réalité. Que ceux qui se croient représentants de l'ensemble des patrons de France aillent un peu sur le terrain. Je sais que la grande majorité des patrons français ont envie que ça marche. » Mais, après les vives critiques à l'encontre du gouvernement du vice-président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, mercredi, c'est Pierre Gattaz lui-même qui a rendu coup pour coup hier sur son blog, écrivant : « Ainsi le Medef doit se laisser insulter, huer, mais surtout, surtout, il ne peut rien dire. [...] Quand une organisation syndicale parle de "sortir du pacte", tout le monde trouve ça normal et acceptable. Mais quand le Medef explique que les engagements oraux ne sont pas tenus [...], alors on nous accuse de brandir une menace "insupportable", voire de geindre et de pleurnicher. »