La hausse est assez contenue pour que le nouveau ministre du Travail, François Rebsamen, y voit une « stabilisation ». En mars, selon les données publiées vendredi par Pôle emploi, le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (n'ayant pas du tout travaillé dans le mois) a progressé de « seulement » 1.600, pour s'établir, nouveau record, à 3.349.300. La hausse est plus importante en ajoutant les chômeurs ayant en partie travaillé (catégories B et C). Elle atteint 11.700 et rapproche encore la France métropolitaine de la barre symbolique des 5 millions d'inscrits toutes catégories confondues. Leur total atteint désormais 4,95 millions.A défaut d'une baisse à brandir, cela constitue une accalmie bienvenue pour l'exécutif après quatre mois de hausse continue, dont un mois de février qui avait vu le chômage flamber (+ 31.500) dans des proportions qui avaient étonné les experts. A ce titre, la quasi-stagnation de mars tient probablement aussi à une forme de rebond technique. Pour le ministère du Travail lui-même, « cette stabilisation appelle également à la prudence dans le commentaire mensuel des données de demandeurs d'emploi, car une tendance s'inscrit dans la durée, comme les efforts collectifs menés pour l'emploi. » Après s'être prudemment gardé, à son arrivée Rue de Grenelle, de se fixer une échéance pour faire baisser le chômage, François Rebsamen préfère ainsi souligner qu'« après de fortes hausses pendant cinq ans, le nombre de demandeurs d'emploi connaît depuis octobre 2013 une période de variations mensuelles erratiques, avec une évolution moyenne en net retrait par rapport aux épisodes précédents ».
Aucune « tendance baissière »
Mais, si on reste effectivement loin de l'explosion connue au plus fort de la crise, les chiffres contredisent son analyse : avec 42.000 chômeurs de catégorie A en plus, le premier trimestre 2014 est du même acabit que le deuxième trimestre 2013 et plus mauvais que les deux derniers trimestres 2013 réunis (voir graphique)... Aucune « tendance baissière », comme il l'a évoqué, nette ne se dessine donc.Dans le détail, le mois de mars a vu le chômage des jeunes repartir à la baisse (- 4.300). Celui des seniors a poursuivi sa hausse (+ 7.300), ininterrompue depuis près de six ans. Une fois n'est pas coutume, le chômage de longue durée est resté stable. Le niveau record du chômage des plus de 50 ans (769.000 en catégorie A, + 11,8 % en un an) « rend nécessaires des évolutions dans les comportements et doit être au coeur, avec l'emploi des jeunes, des négociations qui vont s'engager dans les branches au titre du pacte de responsabilité », insiste l'exécutif. Plus que jamais, le gouvernement mise ainsi sur les futures baisses de charges pour prendre à partir de 2015 le relais de sa politique de contrats aidés, à même de limiter le chômage mais pas de l'inverser. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a dénoncé vendredi l'« immobilisme » du gouvernement regrettant que, « dans le plan Valls, il n'y [ait] rien sur les 35 heures, rien sur l'assouplissement du marché du travail, rien sur le contrat de travail unique, rien sur l'apprentissage, rien sur la formation tout au long de la vie ».
François Hollande a tenté de se donner de l'air sur le dossier emploi en indiquant, le 18 avril, n'avoir « aucune raison d'être candidat » à un second mandat si le chômage ne baissait pas d'ici à... 2017. Depuis son élection, près de 425.000 nouveaux chômeurs ont poussé la porte de Pôle emploi.