Plusieurs de ses proches lui avaient conseillé de « se détacher de cette thématique emprisonnante ». Il a fini, mais sur le tard, par les écouter. Ces dernières semaines, François Hollande n'a pas une seule fois réitéré son objectif d'inverser la courbe du chômage, « obstinément » répété - dixit un socialiste - tout au long de 2013. Il a même opéré un glissement sémantique, parlant de « stabilisation » et de « tendances » qui « se dessinent ». « Est-ce que j'ai fait des erreurs ? Sans doute. Est-ce que c'était celle d'avoir annoncé ou promis l'inversion de la courbe du chômage ? Mais si je ne l'avais pas fait, beaucoup m'auraient demandé ''qu'avez-vous comme objectif'' ? », a-t-il plaidé lors de sa conférence de presse. « Nous n'avons pas encore gagné la bataille pour l'emploi », a-t-il reconnu.
« C'est maintenant que tout se joue »
Surtout, François Hollande a ouvert un nouveau front, une « nouvelle étape », en proposant un « pacte de responsabilité » avec les entreprises. Comme pour enjamber l'échéance de ce lundi. « Il a replacé son action sur le moyen terme », résume un de ses lieutenants. Symboliquement, les négociations sur la baisse des charges et ses « contreparties » ont d'ailleurs démarré ce lundi matin à Matignon, quelques heures à peine avant la publication des chiffres du chômage. Au sommet de l'Etat, on admet que les politiques de l'emploi (contrats de générations, emplois d'avenir, ...) ont porté leurs fruits « au maximum » mais que cette « boite à outils » ne suffit pas pour réduire le chômage. « La baisse nette, elle ne dépend que des entreprises (...) Il faut qu'elles se sentent comprises, rassurées et parties prenantes », insistent en choeur les fidèles du président.
« Stabiliser, c'est ce que nous avons fait, ne suffit pas. Il nous faut de la croissance », a admis François Hollande ce lundi après-midi depuis la Turquie, faisant du pacte de responsabilité « plus que jamais un devoir ». Ce dernier et la promesse d'une « stabilité » pour les entreprises, malgré la remise à plat de la fiscalité, visent à restaurer une confiance qui fait aujourd'hui défaut et à doper la machine économique. Car contrairement à ce qu'il avait affirmé l'été dernier, la reprise n'est pas là, du moins pas assez forte pour créer des emplois. « C'est maintenant que tout se joue », a-t-il lancé la semaine dernière dans ses voeux aux partenaires sociaux.