Le groupe indépendant de chimie Minafin lance un investissement stratégique aux Etats-Unis dans son usine de Memphis. L'entreprise va investir au total 8 millions d'euros dans une unité de fabrication de Pentiol Green +, une molécule issue de sous-produits du maïs ou de la canne à sucre et qui a les mêmes propriétés conservatrices que le paraben, tiré, lui, de la pétrochimie. Elle entrera en production d'ici à la fin de l'année. L'enjeu est de taille. Le premier marché ciblé, la cosmétique, est sensible au thème de la naturalité et les consommateurs sont désormais attentifs à la présence de paraben. Il existe même des listes sur Internet détaillant la composition des produits.Le Pentiol Green + pourrait aussi intéresser l'agriculture. Cette molécule propre pourrait notamment être utilisée en substitution à des équivalents pétrochimiques dans des fongicides. Minafin avait réussi à développer ce produit il y a quelques années et à neutraliser sa mauvaise odeur naturelle. Mais il n'était capable de le produire qu'en petite quantité dans un atelier pilote. Le groupe passera cette fois au stade industriel avec une capacité de « plusieurs centaines de tonnes », indique sobrement Frédéric Gauchet, président du groupe né en 2005 du rachat d'une petite société de chimie, SEAC, à Beuvry-la-Forêt, près de Valenciennes.

Un différentiel de coûts élevé

Depuis lors, par acquisition comme par croissance organique, Minafin a bâti un ensemble de cinq usines et quatre centres de recherche-développement, employant 600 salariés pour un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros. Le dirigeant estime le chiffre d'affaires potentiel de la nouvelle molécule entre 10 et 20 millions d'euros à court terme.L'investissement a été réalisé sur l'unité américaine et non en France, d'abord pour des raisons de coûts énergétiques beaucoup plus faibles outre-Atlantique. Frédéric Gauchet a procédé à une simulation de ses usines françaises (Beuvry-la-Forêt et Dunkerque) dans le contexte américain : le groupe réaliserait 1 million d'euros d'économies par an en énergie et 3,2 millions d'euros en impôts locaux. « Entre impôts de production et coût de l'énergie, j'ai un différentiel de 4,2 millions. Il faut absolument que nos politiques le comprennent », se lamente Frédéric Gauchet, qui vient d'intégrer le comité exécutif de l'Union des industries chimiques.