Alors que le marché du travail des cadres reste bien orienté, la pression semble se relâcher un peu sur leurs épaules. Ils sont certes toujours majoritaires en 2024 à déclarer que leur charge de travail a augmenté, mais ils sont moins nombreux que les années précédentes, constate le baromètre 2024 des attentes des cadres publié ce jeudi par l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT (Ugict).56 % des 1.000 personnes de l'échantillon représentatif interrogées en ligne par ViaVoice du 9 au 20 septembre se plaignent d'un surcroît de travail, contre 61 % en 2023 et même 69 % en 2016. Les cadres sont aussi moins nombreux à estimer que leur temps de travail a augmenté (45 % contre 54 % en 2019). L'édition 2024 du baromètre fait, en outre, état d'un coup de frein sur les horaires à rallonge. Ils sont encore 48 % à déclarer travailler souvent ou de temps en temps pendant leurs jours de repos, mais c'est 11 points de moins que le pic de 59 % de 2019 et 2020. Quant aux cadres travaillant moins de 40 heures en moyenne, leur poids a nettement augmenté, passant à 37 % en 2024, contre 30 % en 2023 et même 21 % en 2021. Si la proportion de très gros bosseurs n'a pas bougé (au moins 49 heures par semaine pour 12 % des cadres), la tranche de 45 à 48 heures a, elle, diminué (16 % contre 21 % l'an dernier). « Nous partons de très loin », relativise Agathe Le Berder, secrétaire générale adjointe de l'Ugict CGT, au regard des derniers chiffres. Et d'insister sur l'importance d'un effet de génération dans les résultats. « Les jeunes acceptent moins que les autres les horaires à rallonge, le présentéisme et la disponibilité permanente », explique-t-elle. Cela se voit dans les résultats du sondage : 47 % des 30-39 ans disent travailler moins de 40 heures contre seulement 32 % des 50-59 ans. Cette tendance était déjà à l'oeuvre l'an dernier et « infuse », souligne la cégétiste.

Coté salaire, l'impact de la poussée de l'inflation sur le pouvoir d'achat des cadres aurait pu multiplier les critiques. Ce n'est pourtant pas ce que montre le baromètre. Le sentiment de ne pas être payé à sa juste valeur reste important, mais l'épidémie de Covid semble avoir marqué un point d'inflexion. Dans la décennie 2010, le baromètre Ugict faisait état d'une progression quasi continue de l'insatisfaction sur la rémunération. En 2021, la moitié des cadres interrogés ne la jugeaient pas en adéquation avec leur qualification, leur temps de travail réel, leur charge de travail ou leur implication. Seul item où la critique n'était pas majoritaire, même si pas loin : l'adéquation aux responsabilités.

En 2024, 58 % des cadres jugent que leur rémunération est en adéquation avec leur qualification et autant avec leurs responsabilités, 52 % la jugent en phase avec leur temps de travail réel, 50 % avec leur charge de travail comme avec leur implication, contre respectivement 46 % et 43 % en 2021.

Confiance dans les syndicats

Par ailleurs, l'optimisme a aussi progressé sur les pratiques managériales, même si le score reste faible. Tombée à 12 % en 2020, la proportion de cadres qui juge qu'elles « se sont plutôt améliorées » est remontée à 18 %. Une personne interrogée sur trois juge qu'elles se sont a contrario « plutôt détériorées » quand elles étaient 52 % en 2014, au plus haut.

Enfin, on note une évolution sur le télétravail : 45 % des cadres considèrent qu'il n'est pas assez encadré contre 56 % en 2021. Mais cela ne veut pas dire qu'ils ne soient pas critiques, même si la formule est plébiscitée. 61 % jugent ne pas être assez protégés des « durées excessives de travail » et ne pas disposer d'un droit à la déconnexion effectif, droit souhaité par les deux tiers des personnes interrogées.

A noter enfin que les cadres sont de plus en plus nombreux à faire confiance aux syndicats pour défendre leurs droits ou leur emploi. La proportion de cadres dans ce cas a doublé depuis 2012 pour atteindre 34 % en 2024 en même temps que la part d'entre eux faisant confiance à eux-mêmes a baissé de 52 % à 39 %. Loin derrière, les pouvoirs publics et les employeurs arrivent à 7 %.