La crise spectaculaire chez OpenAI en a été une brutale illustration : la gouvernance dans une start-up est un sujet à prendre au sérieux. Or cette dernière peut prendre plusieurs formes. Outre le traditionnel conseil d'administration, au sein duquel investisseurs et dirigeants discutent des sujets stratégiques (revenus, expansion à l'étranger, recrutements, etc.), des jeunes pousses créent des structures parallèles afin de gagner en efficacité.

Malt, une plateforme qui met en relation les indépendants et les entreprises, a par exemple lancé un « freelance advisory board ». Ce dernier regroupe dix-sept personnes et participe à une réunion avec le comité de direction une fois par an.

« Nous avons toujours placé les free-lances au coeur de notre activité. Cela faisait longtemps que je réfléchissais à la façon dont on pourrait les impliquer plus fortement, détaille Vincent Huguet, le fondateur de Malt. Pour nous, c'est une façon d'avoir des retours de leur part et de les associer à nos décisions. »

Retours sur le produit

Lors de ce comité consultatif, les indépendants peuvent donner leur avis sur le produit, faire des recommandations sur des nouvelles fonctionnalités, évoquer la tarification, etc. « Cela permet de contribuer à l'évolution de la plateforme et de défendre les intérêts des free-lances », complète Pauline De Turckheim, une graphiste qui siège au comité consultatif et utilise Malt depuis 2013. Le comité consultatif est paritaire et compte des indépendants issus de toute l'Europe - 7 membres sur 17 sont Français - évoluant dans des secteurs d'activité variés. Les membres sont bénévoles, mais défrayés lors de leur déplacement annuel à Paris.

En 2022, la licorne franco-américaine Dataiku a pour sa part créé un comité consultatif réunissant des leaders dans sept industries. L'objectif : diffuser l'utilisation de la donnée dans le monde de l'entreprise. Parmi les membres, il y a Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions et Bernard Attali, ancien PDG d'Air France.

Pour des jeunes pousses avec des spécificités techniques ou industrielles, ce genre de structure peut aussi se révéler utile. C'est pourquoi Bpifrance a lancé la plateforme Tango qui met en relation start-up deeptech et des experts. Plus de 30 annonces sont en ligne en ce moment. Camatiss, une medtech qui développe une solution pour traiter le prolapsus des organes pelviens (POP ou descente d'organes), recherche par exemple un spécialiste de la bioproduction. Symone, une start-up qui invente un autocar à hydrogène, a besoin d'« un trio complémentaire qui saura nous challenger et nous faire prendre de la hauteur sur des réflexions stratégiques pour notre développement. »

Avoir du recul

Séverin Benizri, le dirigeant d'Apneal, a utilisé Tango pour créer son comité consultatif et en est très satisfait. « Nous avons essayé d'avoir des compétences transverses pour soutenir tous les aspects de notre projet : développement du produit, R&D, intégration de la solution dans le parcours de soins, construction de partenariats, soutien auprès des sociétés savantes », énumère-t-il.Les comités consultatifs sont des structures plus enracinées aux Etats-Unis, mais commencent à prendre de l'ampleur en France. « C'est quelque chose qui va se faire de plus en plus », est convaincu Vincent Huguet.