La boucle est bouclée. Douze ans après avoir fondé Le Pot Commun, une fintech permettant de lancer des cagnottes en ligne, deux de ses fondateurs, Ghislain Foucque et Adrien Soucachet, ont annoncé cette semaine avoir racheté leur start-up à Swile. Le dernier chapitre d'une histoire mouvementée. En 2015, la jeune pousse est rachetée par S-Money, filiale du Groupe BPCE. Six ans plus tard, BPCE décide de réunir quatre de ses filiales - dont Le Pot Commun - au sein de Bimpli, une solution spécialisée dans les avantages salariés.

C'est à ce moment que les fondateurs du Pot Commun partent pour créer Unty, une agence digitale qui aide (entre autres) les entreprises à faire des commandes groupées ou des cagnottes en ligne. Mais un an plus tard, nouveau rebondissement : Bimpli fusionne avec Swile. Au sein de la licorne dirigée par Loïc Soubeyrand, Le Pot Commun végète car l'activité n'est pas jugée prioritaire…

Ghislain Foucque et Adrien Soucachet, ainsi que Mohamed Chekir, resté chez Le Pot Commun, se mobilisent alors pour racheter la start-up par le biais d'Unty. « Le Pot Commun, c'est plus un poney qu'une licorne », plaisante Ghislain Foucque. « Mais cela fait 2 millions d'euros de chiffre d'affaires de façon assez saine », se reprend le dirigeant, qui a apprécié les négociations avec Swile. « Ils ont tout fait pour que ça se passe simplement et rapidement. » Si « l'histoire est marrante », dixit Ghislain Foucque, les défis à relever sont nombreux. Car le marché des cagnottes en ligne a évolué ces dernières années. Leetchi a été repris en 2022 par le fonds de private equity Advent. Lydia, une fintech qui revendique plus de 6 millions d'utilisateurs, propose aussi de lancer des cagnottes.

Responsabilité

Ghislain Foucque ne prétend pas réinventer la roue, mais est convaincu de pouvoir donner un nouvel élan au Pot Commun. « C'est une équipe que nous connaissons bien et à laquelle nous sommes attachés. Ma priorité, c'est de rassurer tout le monde, préciser quelle est notre vision et repartir de l'avant en mode start-up », décrypte-t-il. Depuis la reprise de la fintech, le dirigeant a recruté cinq personnes pour muscler l'équipe de service après-vente. Au total, la nouvelle entité compte 25 salariés, et le dirigeant marseillais entend créer des synergies entre ses activités BtoB et BtoC.

Ghislain Foucque n'est pas le seul entrepreneur de la French Tech à avoir emprunté ce drôle de chemin. En 2016, Eric Carreel vend Withings, une start-up de santé connectée, à Nokia pour 170 millions d'euros. Une belle sortie à l'époque, même si le dirigeant assure qu'il n'était pas vendeur. Deux ans plus tard, Nokia rétropédale dans la santé.

« Je l'ai appris comme tout le monde, par la presse. J'ai fait savoir au groupe finlandais que ce dossier pouvait m'intéresser. Dans la foulée, le responsable de la croissance externe chez Nokia, le même qui avait orchestré l'acquisition, m'a contacté pour m'inviter à faire une proposition rapidement », rembobine Eric Carreel. La presse de l'époque évoquait une reprise pour environ 30 millions d'euros. Un montant au sujet duquel le patron ne préfère pas communiquer. Cinq ans plus tard, Withings fait « plus de 100 millions de chiffres d'affaires » et propose une large gamme de produits (montres, balances, tensiomètres, capteurs de sommeil, etc.). En 2024, la start-up doit mettre en vente U-Scan, un laboratoire connecté d'analyse d'urine au sujet duquel Eric Carreel fonde des grands espoirs.

Cette liste pourrait bientôt s'allonger avec Bertrand Fleurose. En 2016, l'entrepreneur fonde Cityscoot, un pionnier du scooter électrique en free-floating. Le succès est immédiat. La start-up séduit les fonds d'investissement et intègre le Next 40.La suite est plus difficile. La crise du Covid-19, l'essor du télétravail et une expansion à l'étranger grippent la machine. Début 2022, Bertrand Fleurose est évincé de Cityscoot, sur fond de désaccord avec ses investisseurs. Fin novembre dernier, la start-up a été placée en redressement judiciaire. Une situation insupportable pour le dirigeant, qui monte un dossier avec des partenaires financiers pour récupérer sa start-up. « Je n'ai jamais vraiment coupé le cordon ombilical avec cette boîte. J'en suis le fondateur et je veux lui donner un nouvel avenir. J'ai une responsabilité envers beaucoup de personnes qui comptent sur moi : les salariés, les clients, mais aussi la Ville de Paris qui a octroyé cet été à Cityscoot une des trois licences pour opérer », commente-t-il

L'entrepreneur se sent renforcé par le soutien qu'il a reçu sur les réseaux sociaux. Un de ses posts sur LinkedIn au sujet de Cityscoot a été vu récemment par plus d'un million de personnes ! Pour des raisons de confidentialité, Bertrand Fleurose ne veut pas donner de détails sur son plan de reprise. Mais il promet qu'il sera « solide et opérationnel ». Selon nos informations, celui-ci impliquera un renouvellement de la flotte, qui est vieillissante et a des temps de charge trop longs.