Les prix du gaz et de l'électricité ont beau s'être détendus cette année, l'heure reste à la sobriété énergétique chez Saint-Gobain. Situé à La Défense, le siège du géant français des matériaux et produits pour la construction a fermé samedi dernier pour deux semaines. Une bonne partie des 5.000 occupants de la tour sont en vacances pendant la quinzaine, et ceux qui restent sur le pont travaillent à distance. « Une tour entière qui ferme, c'est quand même rare. Mais - comme énormément de salariés prennent des congés à Noël - un certain nombre d'entreprises se mettent en étiage bas à cette période et ferment des étages ou des blocs d'étages », indique Frédéric Goupil de Bouillé, président de l'Association des directeurs immobiliers et directeur immobilier de la SNCF. Les salariés présents étant regroupés sur les étages chauffés. « C'est ce que nous faisons à la SNCF, pendant différentes vacances, mais aussi le vendredi » - journée que de nombreux employés choisissent pour télétravailler, note-t-il. L'organisation en « flex office » - ou postes de travail partagés - dans bon nombre d'entreprises facilite la mobilité des salariés au sein des immeubles et rend possible ce genre de décisions.
« Travailler sur la constance »
Rassembler les salariés présents à Noël sur un étage était aussi l'option retenue jusqu'ici par Gecina. Beñat Ortega, le directeur général de la foncière, estime cependant un peu décevantes les économies d'énergie réalisées. « Cette année, pour la première fois, nous fermons totalement notre siège du 25 au 31 décembre - même si nous avons des équipes d'astreinte », explique-t-il. De quoi économiser 6,5 % de la consommation de référence d'un mois de décembre, et 0,5 % de celle d'une année. Mais ajoute-t-il, « l'enjeu sur ces sujets de sobriété énergétique est de travailler sur la constance, sur l'exécution au quotidien de toutes les tâches » - comme l'heure à laquelle est relevé le chauffage et à partir de quelle température extérieure, ou les temps d'éclairage.Gecina tente d'ailleurs de sensibiliser ses clients. « Depuis deux ou trois ans, nous avons un collaborateur qui fait le tour à scooter de nos immeubles de bureaux et regarde les étages restés allumés durant la nuit », raconte-t-il. Un retour est ensuite fait aux occupants.La question de la sobriété énergétique a pris de l'ampleur en 2022 avec l'explosion du coût de l'énergie, encourageant des pratiques plus vertueuses. Cependant, note Frédéric Goupil de Bouillé, « il y a des entreprises qui ferment depuis des années la dernière semaine de l'année pour des questions de fréquentation. C'est par exemple le cas de Renault. Cela évite d'avoir des salariés isolés ». La pratique vaut aussi pour Bouygues Construction dont le siège est fermé traditionnellement entre Noël et le jour de l'An. Evidemment, cette pratique est impensable dans certains secteurs d'activité. « A la SNCF, où nous avons des équipes actives 24 heures sur 24, par exemple, il nous est impossible de fermer entièrement notre siège de Saint-Denis pendant les périodes de vacances », poursuit-il.De son côté, Saint-Gobain est d'autant plus volontariste que son siège est également fermé une quinzaine de jours en août - du 10 au 20 cette année - depuis 2022. Si cette année-là a été un tournant avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la crise énergétique qui s'est ensuivie, cette exigence de sobriété découle aussi des exigences du « décret tertiaire » de 2019, qui cale des objectifs successifs d'économies d'énergie pour les bâtiments d'une surface supérieure ou égale à 1.000 mètres carrés.Sur ce point, Saint-Gobain, largement dans les temps par rapport à l'échéancier dudit décret, fait preuve d'efficacité : alors que le texte impose une réduction de la consommation de 40 % à horizon 2030, le groupe industriel l'a déjà abaissée de 30 % entre 2021 et 2023.