Avec "30 à 40 concerts par an", Cerrone, 73 ans, a toujours gardé le lien avec son public, de toutes générations. Mais les JO ont replacé sur le devant de la scène ce roi des dancefloors, qui a d'abord connu le succès aux Etats-Unis dans les années 1970.
QUESTION: Un an après les JO, quel regard portez-vous sur votre participation ?
REPONSE: "J'ai reçu comme de la reconnaissance, comme si j'étais parti en voyage très longtemps et je revenais en France: +Tiens, où tu étais passé ?+. J'ai eu beaucoup de récompenses dans le monde entier. Par contre, d'être choisi, d'avoir cette reconnaissance, (...) oui, ça laisse des traces mais des belles traces."
Q: Pourquoi "Supernature", tube âgé de 47 ans, fait encore vibrer ?
R: "Si je le savais, je serais étatisé et j'en ferais tous les jours. On ne sait pas. Quand je suis arrivé avec +Supernature+, les gens me regardaient: +Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?+. Avec Lene Lovich (chanteuse américaine qui a adapté le texte en anglais, NDLR), je voulais qu'on dénonce où la planète, où l'humain, va. On va finir quoi ? Hommes, animaux, robots ? Aujourd'hui, on passe quatre-cinq heures sur les téléphones, on est tous avec l'IA, on est en train de devenir des robots. +Supernature+, on a fait ça, pas pour se marrer, mais pour être un peu provoc'. J'étais très provoc' à l'époque. La période le permettait."
Q: Vous n'avez jamais arrêté la scène, pour autant les Jeux vous ont-ils offert des opportunités nouvelles ?
R: "Ça m'a permis de monter les niveaux et d'être encore plus sélectif. Un choix de choses que je ne fais plus, par exemple de jouer à 03H00 du matin dans des clubs, à part Ibiza (où il démarre une résidence, NDLR). Je fais beaucoup de festivals, au contraire. Et ça, j'adore."
Q: Comment avez-vous travaillé avec Christine and The Queens (Rahim Redcar), avec qui vous avez fait une nouvelle version de "Supernature" l'été dernier et un EP commun à paraître le 4 juillet ?
R: "Très simple, premièrement. Deuxièmement, on n'a pas travaillé. Moi, je ne travaille pas. Quand on fait de la musique, on s'amuse, on s'éclate, on échange, on se laisse aller. Avec les bonnes ou les mauvaises choses, on s'en fout. On a passé des heures à prendre du plaisir musicalement. Notre entourage a commencé à dire: +Mais c'est vachement bien ! Vous faites quoi de ça ?+"
Q: Votre parcours, retracé dans un documentaire Canal+ disponible mercredi, est celui d'un fils d'immigré italien, batteur autodidacte, qui a fait danser la planète. Qu'est-ce qui vous a guidé ?
R: "Un, vraiment de trouver une identité, une sonorité qui ne ressemble à personne d'autre. Ça a toujours été mon leitmotiv. Deux, je n'ai jamais cherché la lumière, la médiatisation. C'était toujours le plaisir d'être sur scène, de faire de la musique pour la scène, parce que je savais très bien que ça n'irait pas en radio, en télé, que j'étais, à des moments, presque peu fréquentable. Ça m'a fait cibler un certain public."
Q: Lequel ?
R: "Le public qui aime la danse, la musique, s'envoyer en l'air, s'évader, voyager. Donc, je me suis concentré à trouver des trucs, des sonorités, à le surprendre."
Q: Pensez-vous à raccrocher ?
R: "Tant que je prends du plaisir, tant que j'en donne, il ne faut pas me demander d'arrêter. Je ne pourrais pas m'arrêter, d'ailleurs. Comment on s'arrête ? Ça ne m'est pas arrivé encore. Je ne me pose pas la question. J'avance, quoi. Je ne suis vraiment pas dans le calcul."