Une semaine après l'annonce du plan d'économies de 50 milliards d'euros, c'est un nouveau rendez-vous clef pour le gouvernement. Il dévoilera demain la nouvelle trajectoire budgétaire de la France. Le programme de stabilité va comprendre un engagement de retour du déficit public à 3 % de PIB en 2015, a déjà indiqué le ministre des Finances, Michel Sapin.Pour y arriver, l'exécutif fait le pari du retour de la croissance. Après 0,3 % en 2013, il table, selon nos informations, sur une hausse du PIB de 1 % cette année, puis de 1,7 % en 2015 et de 2,25 % en 2016 et 2017. Bercy n'a quasiment pas modifié son scénario de court terme. Celui-ci est plus optimiste que le consensus des économistes (+ 0,9 % en 2014 et + 1,2 % en 2015), mais exactement en ligne avec les prévisions de la Commission européenne.

Donner des gages de sérieux à Bruxelles

En agissant ainsi, Paris veut donner des gages de sérieux à Bruxelles. Et ne pas se faire accuser d'être trop optimiste par le Haut Conseil des finances publiques. Cette instance indépendante, mise en place il y a un an, rendra demain son avis sur le scénario macroéconomique sous-tendant la trajectoire de déficit. Elle regardera l'évolution du PIB, mais aussi la composition de la croissance (consommation, investissement…) ainsi que son impact sur l'emploi. Car ce sont des éléments très importants pour déterminer le dynamisme des recettes fiscales et des cotisations sociales. Lors de son avis sur le budget 2014, le Haut Conseil avait jugé « plausible » la prévision de croissance mais estimé trop optimistes les prévisions d'emploi et, donc, de déficit. Dans ses nouvelles prévisions, Paris mise sur son pacte de responsabilité pour relancer l'emploi et l'investissement des entreprises en 2015.Au-delà, c'est le scénario de moyen terme de Bercy qui risque de faire débat. A ce stade, l'incertitude est forcément très forte pour 2016 et 2017. Mais, en étant optimiste, le gouvernement veut donner le sentiment qu'il croit aux vertus de ses mesures sur la croissance (crédit d'impôt compétitivité et emploi, pacte de responsabilité et de solidarité, baisse de la fiscalité des entreprises).Pour crédibiliser sa trajectoire de déficit, Paris mise également sur son plan d'économies. Une première étape aura lieu en juin avec le projet de loi de Finances rectificative : de l'ordre de 4 milliards d'euros d'économies vont venir s'ajouter aux 15 milliards déjà programmés pour 2014. Cela passera notamment par des annulations de crédits, 750 millions d'euros d'économies sur les dépenses de santé (car elles ont été inférieures aux prévisions en 2013) ou encore l'impact du gel des retraites (350 millions d'euros dès 2014). Après le dérapage du déficit en 2013 (à - 4,3 %), l'idée est de réduire la hauteur de la marche à franchir cette année. L'objectif initial était de ramener le déficit à 3,6 % Mais, en évoquant jeudi « un rythme un peu moins rapide de diminution des déficits que ce qui était prévu », Michel Sapin a laissé entendre que la nouvelle cible serait un peu supérieure.Et il en sera de même en 2015, puisque le déficit va être relevé de 2,8 % à 3 %. Si ce nouvel objectif n'est pas hors d'atteinte selon les économistes (« Les Echos » du 15 avril), l'équation budgétaire s'est compliquée avec les récentes annonces de baisses de prélèvements obligatoires (entreprises et ménages). Dans sa trajectoire, Bercy a inscrit une baisse des impôts d'environ 8 milliards d'euros dès 2015 (soit 0,4 point de PIB). « Le plan de 50 milliards d'économies 2015-2017 va devoir très vite monter en puissance », explique un conseiller gouvernemental. Plus de 18 milliards d'économies devraient être programmées rien que pour 2015.