Les start-up ne sont pas épargnées par les restrictions budgétaires. Deux mesures vont particulièrement avoir un impact sur le développement de la French Tech. D'une part, le non-renouvellement du crédit d'impôt innovation (CII), qui permet aux entreprises de moins de 250 personnes de déduire de leur IS 30 % de leurs dépenses liées à la « conception de prototypes ou d'installation pilote de produits nouveaux ». De l'autre, la suppression de l'exonération de charges patronales des « jeunes entreprises innovantes » (autour de 300 millions d'euros).
Ce deuxième point inquiète particulièrement l'écosystème qui craint une multiplication des défaillances dans les mois à venir. « On est appelé sans cesse par des boîtes qui sont en panique », lâche Marianne Tordeux Bitker, directrice des affaires publiques de France Digitale, principal lobby des start-up et investisseurs français de la tech.Sur LinkedIn, réseau préféré de la French Tech, les commentaires vont bon train. « Très mauvaise nouvelle, le problème est pris par le mauvais côté : l'exonération de charges permet l'embauche et l'innovation. Quand ça fonctionne, l'entreprise se développe, paye des impôts, recrute et forme des personnes. Lorsque c'est bien fait, il est évident que cela rapporte plus que ça ne coûte », écrit Vanessa Daurian Proust, business angel. « Le plus préoccupant, c'est l'impression d'instabilité… beaucoup de business plans à actualiser cette semaine », renchérit Ayoub Essabir, entrepreneur.Les réactions fusent
Pour empêcher ces nouvelles mesures de voir le jour, l'association a décidé d'envoyer des négociateurs chevronnés auprès de Bercy et du secrétariat d'Etat à l'intelligence artificielle et au Numérique : Jean-David Chamboredon (ISAI), Jérôme Lecat (Scality) ou encore Olivier Mathiot (PriceMinister). Les mêmes qui ont mené le « mouvement des pigeons », qui s'était formé lors du projet de loi de finances 2013 pour protester contre la hausse des plus-values en cas de cession d'entreprise.
Les prémices d'un « mouvement des pigeons 2 » ? Sur un groupe WhatsApp des alumni de France Digitale, les réactions fusent depuis jeudi, entre colère, cynisme et étonnement. Un membre a posté une image sur laquelle est écrite : « Nous ne sommes pas les dindons de la farce. » Des représentants de France Digitale ont été reçus par Clara Chappaz, secrétaire d'Etat à l'IA et au Numérique dès le 11 octobre. « Son excès d'enthousiasme n'était pas très approprié », estime un membre du lobby. « Elle a identifié que le JEI était un sujet important mais elle n'est pas si inquiète que ça », s'étonne Marianne Tordeux Bitker, qui est venue avec des propositions d'autres économies sur le crédit impôt recherche (CIR), l'imposition des brevets… « Comme tout effort de solidarité, chacun doit contribuer et l'écosystème de l'innovation aussi, indique aux « Echos », Clara Chappaz. On a une très belle dynamique sur des sujets très importants comme la santé, la transition économique avec par exemple Verkor, l'écosystème quantique et IA. Notre conviction ne change pas, nous sommes 100 % convaincus que ces entreprises ont beaucoup de choses à apporter. » Mais pour France Digitale, qui va plancher sur des amendements aux côtés de Paul Midy, député Renaissance très engagé dans l'écosystème, le temps presse. « Certaines start-up ne vont pas pouvoir attendre un 49.3 en décembre », s'agace Marianne Tordeux Bitker, en référence à la procédure que le gouvernement pourrait actionner pour faire passer le budget au Parlement. Le temps politique est toujours bien différent du temps économique.