La crise du logement neuf commence à se faire sentir dans la vente de matériels pour la construction. Si 2023 a été « une bonne année », les carnets de commandes sont « en forte diminution », indique Olivier Saint-Paul, le vice-président chargé du bâtiment du Syndicat des entreprises internationales des matériels et services de travaux publics,  mines et carrières, bâtiment et levage, le Seimat.

« Nous avons commencé 2023 avec un niveau assez élevé. On observe depuis un essoufflement, ce qui correspond à nos livraisons futures. La baisse est de l'ordre de 20 à 25 % », déclare-t-il. Les carnets de commandes restent supérieurs de 20 % par rapport à 2019.Le marché, pour l'essentiel alimenté par des importations, continue de bénéficier d'une activité soutenue dans les travaux publics, souligne-t-il. « Globalement, le marché est en croissance de 2 % à la fin novembre sur 12 mois en glissement annuel. 2023 est dans la lignée de 2022 qui était marquée par un niveau d'activité déjà élevé », complète le secrétaire général du Seimat, Pascal Petit-Jean.

Décarbonation

En 2024, l'activité relative au seul secteur du bâtiment devrait fléchir de 10 % à 15 %, selon Olivier Saint-Paul. « Les investissements des entreprises vont se réduire mais celles-ci vont se concentrer sur la décarbonation en investissant dans des matériels électriques ou hybrides », estime le vice-président du Seimat chargé du bâtiment.De fait, une baisse des investissements se dessine chez les loueurs en 2024, alors que l'année passée a été globalement bonne. Etablie par le cabinet Asterès, la dernière note de conjoncture disponible de leur organisation professionnelle, DLR, fait état d'une détérioration au troisième trimestre, l'activité se contractant de 5,3 % par rapport au second.La tendance est au repli pour les embauches. « La priorité des loueurs aujourd'hui est de défendre leurs prix et leurs marges. Il y a un renversement de tendance qui va se poursuivre au moins jusqu'à la fin du premier semestre. On sent la pression des grands donneurs d'ordre sur les prix et les conditions de location », commente le délégué général de DLR, Hervé Rebollo.

« La visibilité n'est pas bonne. Nous restons prudents pour 2024 d'autant que l'accès au crédit reste compliqué. Notre politique budgétaire est orientée sur l'optimisation des coûts. Nous investirons moins cette année en prévision d'une demande plus faible », explique Stéphane Hénon, le directeur général de Loxam, le premier loueur européen de matériel et outillage à l'adresse du BTP et de l'industrie.

« 2024 sera pour nous une année de stabilisation avec encore un effet inflation dans les prix, après une bonne année 2023. On a ainsi franchi le seuil du milliard de chiffre d'affaires en France, et même les 2,5 milliards pour l'ensemble du groupe Loxam », ajoute-t-il.