Pas de doute pour la Commission européenne, la reprise économique est là et devrait durer. Lundi, elle a confirmé prévoir une croissance encore modeste de 1,2 % dans la zone euro cette année, qui s'accélérera à 1,7 % en 2015. Tirée par une forte reprise en Pologne, dans les pays baltes et certains pays de l'Est ainsi qu'au Royaume-Uni, l'Union à 28 renouera même, l'an prochain, avec une croissance moyenne de 2 %. Dès cette année, tous les pays sont dans le vert sauf la Croatie et Chypre. L'an prochain, plus aucun Etat ne manquera à l'appel. Optimiste, le vice-président de la Commission Siim Kallas a déclaré : « Les déficits diminuent, l'investissement rebondit, et la situation de l'emploi a commencé à s'améliorer, la poursuite des réformes porte ses fruits ».Pour le commissaire estonien, la reprise est là pour durer, si les Etats ne flanchent pas dans la mise en œuvre des réformes promises. « Cela me fait penser à l'ajustement profond auquel ont procédé les économies d'Europe centrale et orientale dans les années 1990 pour préparer l'adhésion à l'Union européenne », a-t-il souligné. « Il y a dix ans, le revenu brut disponible dans les ex-pays de l'Est atteignait à peine 50 % de la moyenne européenne et en 2014, il s'élève à 72 % de cette moyenne », a-t-il insisté pour écarter les critiques de ceux qui dénoncent une divergence croissante entre les économies du Nord et du Sud. Parmi les principales économies de la zone euro, l'Allemagne tirera encore la croissance, l'Espagne opérant un très net rattrapage, tandis que la France (1 % cette année, 1,5 % en 2015) et l'Italie se redresseront doucement.La Commission européenne parie sur une reprise de la demande intérieure en Europe pour alimenter la croissance, « à mesure que les revenus réels bénéficieront d'une inflation plus basse et de la stabilisation du marché du travail ». Siim Kallas a, une nouvelle fois, souligné que les débats sur la déflation en Europe lui paraissaient plus théoriques que pratiques. « Le risque d'une déflation généralisée dans la zone euro paraît faible », a-t-il affirmé, en rappelant que l'inflation était en recul dans une grande partie du monde, y compris en Chine. Les réformes de consolidation des finances publiques se traduisent, pour lui, certainement par une pression à la baisse de l'inflation mais un Etat peut avoir une inflation basse sans que cela soit un obstacle à la reprise. Cette année, l'inflation en zone euro ne devrait guère dépasser 0,8 % et 1 % dans l'Union européenne. L'an prochain, Bruxelles table toujours sur une faible hausse des prix à 1,2 % en zone euro et 1,5 % au sein des Vingt-Huit. La remise en ordre des finances publiques, avec un déficit budgétaire ramené, dès la fin 2014, à 2,5 % du PNB dans la zone euro, devrait ralentir en 2015.L'ombre la plus forte qui pèse sur le tableau concerne le chômage. Bruxelles confirme un recul dans tous les pays. De 12 % l'an passé, le taux de chômage dans la zone euro devrait reculer à 11,8 % cette année puis 11,4 % en 2015. Mais la lenteur de ce mouvement démontre un besoin urgent de réformes de la formation dans nombre de pays européen. Le rapport évoque un chômage structurel, en partie entretenu par un décalage persistant entre les besoins des entreprises et l'enseignement.Enfin, la Commission a tenté d'évaluer les risques liés aux tensions avec la Russie à propos de l'Ukraine. Dans un scénario noir, la crise diplomatique pourrait faire en partie dérailler la reprise, mais le commissaire Siim Kallas ne semble pas croire au pire. Il a ainsi rappelé que la situation était aussi très difficile pour l'économie russe. Confrontée à la volatilité du rouble, la Banque centrale de Russie a déjà dégagé cette année 40 milliards de dollars pour défendre sa monnaie, une politique qui peut vite s'épuiser, a-t-il rappelé.A lire également :
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