Le marché technologique européen est en bonne santé. Pour preuve, les 199.275 demandes de brevets reçues par l'Office européen des brevets (OEB) en 2023. Soit 2,9 % de plus qu'en 2022, un record. A noter : « les petites et moyennes entreprises européennes recourent de plus en plus aux brevets, la part des demandes émanant de PME ayant atteint son plus haut niveau l'année dernière », passant de 23 % à 20 %, souligne dans un communiqué le président de l'OEB, Antonio Campinos.

Les PME et les start-up sont aussi bien représentées dans les demandes de brevets unitaires, introduits au mois de juin. Ce nouveau dispositif, qui cohabite avec le brevet européen classique et les brevets nationaux, permet aux entreprises de protéger leurs innovations dans 17 pays européens avec un brevet unique. « Pour les PME et les start-up, c'est un moyen simple de protéger leurs efforts de recherches », explique Yann Ménière, chef économiste de l'Office européen des brevets.

Pour leur part, les entreprises et organisations françaises ont déposé 10.814 demandes de brevets auprès de l'OEB. C'est 1,5 % de moins qu'en 2022 . L'Hexagone régresse ainsi de la cinquième à la sixième place dans le classement des principaux pays d'origine des demandes de brevet.

Comme l'année dernière, l'innovation française reste tirée par le secteur des transports. Parmi les dix entreprises du pays qui ont déposé le plus de demandes, quatre représentent ce secteur : Valeo, Safran, Thales, ou encore Renault. La France affiche aussi un dynamisme important dans l'informatique (+18 %). « C'est une bonne nouvelle, car il est important de répondre présent à cette lame de fond qu'on observe à l'échelle mondiale », commente Yann Minière. La chimie (+21 %) - dont les cosmétiques, tirés par des entreprises comme L'Oréal -, et les technologies audiovisuelles (+18 %), sont aussi en augmentation.

Huawei continue de tirer les demandes vers le haut

Dans le reste de l'Europe, la Finlande et l'Espagne sont les deux pays qui connaissent la croissance la plus importante, avec un nombre de demandes respectivement en hausse de 9,2 % et 6,9 %. L'Allemagne demeure le premier pays européen d'origine des demandes de brevets.

Les Etats-Unis, la Chine et la Japon demeurent les pays les plus émetteurs de demandes de brevets. A noter, le dynamisme des demandes en provenance de Corée du Sud (21 %) et de Chine (8,8 %). Une hausse principalement tirée par les trois secteurs les plus représentés dans les demandes : la communication numérique, les technologies médicales et les technologies informatiques. Pour la troisième année consécutive, les demandes de brevets à l'échelle mondiale sont tirées vers le haut par Huawei, Samsung et LG.

A noter : le fort dynamisme de la recherche dans le secteur des appareils électriques (+12 %), largement tiré par les travaux sur les batteries. « Il y a beaucoup de défis industriels et techniques à relever dans ces domaines, avec une forte contribution de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon. L'Europe est aussi dans la course : en France, les demandes de brevets concernant les batteries ont augmenté de 7,1 % en 2021, après avoir augmenté de 50 % en 2022, avec comme principaux déposants ACC (coentreprise entre Stellantis, Mercedes et TotalEnergies), le Commissariat à l'énergie atomique, et TotalEnergies », détaille Yann Ménière.