Après plusieurs journées d'audience, le parquet s'en est tenu à la thèse selon laquelle l'ex-chef de l'Etat d'extrême droite et sept de ses collaborateurs de l'époque ont essayé d'assurer leur "maintien autoritaire au pouvoir par des tentatives de perturber violemment l'ordre démocratique", peut-on lire dans son communiqué.
Jugé pour tentative de coup d'Etat, M. Bolsonaro, qui a exercé la fonction suprême de 2019 à 2022, encourt jusqu'à 40 ans de prison.
Il est accusé d'être le "leader d'une organisation criminelle" ayant conspiré pour son maintien au pouvoir quel que soit le résultat de l'élection présidentielle d'octobre 2022, remportée par l'actuel président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Mardi, M. Bolsonaro a aussitôt nié les faits qui lui sont reprochés et dénoncé une persécution politique. "Il n'y pas d'intérêt à m'emprisonner, ils veulent m'éliminer", a-t-il déclaré au site Poder360.
- Menaces américaines -
"Après avoir vérifié l'implication des individus dans les faits", le procureur général a conclu qu'il était "nécessaire qu'ils soient condamnés (...) pour organisation criminelle armée", "tentative d'abolition de l'Etat démocratique", "coup d'Etat" ainsi que pour d'autres délits en lien avec des dommages causés aux biens publics, a précisé le parquet.
Le sort de M. Bolsonaro et de ses anciens associés est entre les mains du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, menacé de sanctions par Washington pour ses décisions contre des plateformes américaines de réseaux sociaux.
Le procès intenté à l'ex-chef de l'Etat a en outre provoqué la colère de Donald Trump - allié de M. Bolsonaro - qui accuse le Brésil de "chasse aux sorcières".
Le président américain a annoncé la semaine dernière des droits de douane de 50% à partir du 1er août sur les produits brésiliens importés et, mardi, les Etats-Unis ont dit avoir lancé une enquête contre Brasilia pour "pratiques commerciales déloyales" - ce qui pourrait conduire à des mesures de représailles américaines comme des surtaxes douanières punitives.
Une enquête ouverte "sur instruction" de M. Trump, a précisé le représentant américain au Commerce Jamieson Greer.
Par ailleurs, le député brésilien Eduardo Bolsonaro, un des fils de ce dernier, s'est installé aux Etats-Unis, où il cultive d'étroites relations avec le camp républicain. Il y encourage le gouvernement à sévir contre les autorités brésiliennes, juges compris.
- "Attaquer les institutions publiques" -
De son côté, Jair Bolsonaro affirme qu'il est victime d'une "persécution politique" destinée à l'empêcher de se représenter à la présidentielle de l'an prochain, bien qu'il soit inéligible jusqu'en 2030 pour avoir diffusé des fausses informations sur le système électoral.
Devant la Cour, M. Bolsonaro, qui se dit innocent des faits lui étant reprochés, a simplement reconnu avoir envisagé "un dispositif constitutionnel" pour empêcher l'investiture de Lula.
L'ancien président a "instrumentalisé l'appareil d'Etat et délibérément mis en œuvre un plan visant à attaquer les institutions publiques et le processus de succession" à l'élection présidentielle, a en revanche conclu le parquet.
Ce plan a échoué faute de soutien de la part des commandants des forces armées.
Lula a quant à lui affirmé qu'il chercherait à négocier avec Washington pour éviter les droits de douane, tout en condamnant "l'ingérence" de M. Trump dans le système judiciaire brésilien.
Il a également annoncé que le Brésil pouvait décider d'opter pour la "réciprocité" face à "toute mesure de hausse des droits de douane de manière unilatérale".