« Si nous ne pouvons pas gagner de l'argent avec les mobiles, je ne veux plus être dans les mobiles. » John Chen, le PDG de BlackBerry, s'est montré catégorique dans un entretien donné mercredi à Reuters. Mais il a aussitôt fait amende honorable sur son blog professionnel : « Je n'ai pas l'intention de vendre ou d'abandonner cette activité à court terme », a-t-il assuré. Le ton reste moins ferme qu'au moment de son arrivée aux manettes de la société en difficulté, en décembre dernier : à l'époque, tout en annonçant un recentrage sur les services, il avait déclaré que l'activité terminaux était « stratégique ». Car la spécificité de BlackBerry a toujours été de développer de façon intégrée le logiciel et le matériel, afin de fournir un outil de communication optimisé en termes de gestion d'énergie et de bande passante.

Des ventes en chute libre

Mais, entre-temps, les ventes se sont effondrées. En extrapolant le niveau des ventes du premier trimestre (en chute de 77 %), BlackBerry pourrait vendre seulement 8 millions de smartphones par an. En 2011, avant que le marché grand public ne s'ouvre véritablement et que s'impose le tandem Apple-Samsung, le constructeur en avait vendu 52 millions. Selon Bloomberg, John Chen s'est donné deux ans pour mettre fin à la « dépendance » envers les revenus des terminaux. BlackBerry doit redevenir profitable pendant l'exercice qui se termine en mars 2016, a-t-il promis. Pour se transformer, la société mise sur le système d'exploitation léger QNX, acheté en 2010, qui peut être embarqué dans les automobiles mais aussi dans les futurs objets connectés. « Nous sommes intéressés par la gestion de toutes les machines qu'on voudrait mettre en communication, a expliqué John Chen à Reuters. Pour réaliser notre rêve de devenir un acteur majeur du M2M, nous devons nouer d'autres partenariats », a-t-il poursuivi, évoquant notamment des alliances avec des opérateurs télécoms. Enfin, la messagerie instantanée BBM est désormais accessible sur d'autres plates-formes que BlackBerry. Mais John Chen a juré de ne pas tomber dans le miroir aux alouettes du marché grand public : « Nous n'allons pas nous attaquer à WhatsApp. Nous allons nous concentrer sur les communications sécurisées, la messagerie sécurisée. » Cap sur les entreprises.