Les positions se durcissent à mesure que l'échéance approche. Dans moins d'une semaine, le budget rectificatif sera présenté en Conseil des ministres, suivi, la semaine suivante, du budget rectificatif de la Sécurité sociale. Deux textes à fort enjeu pour le gouvernement, puisqu'ils vont comporter une bonne partie des allégements de charges et d'impôts prévus dans le pacte de responsabilité, soit 9 milliards d'euros pour la seule année 2015. Mais le gouvernement reste sous forte pression du patronat et des syndicats, et aussi d'une partie de sa majorité, qui menacent, chacun à leur manière, de faire échouer le pacte.La journée d'hier a donné lieu à une poussée de fièvre. Après la menace de « sortir du pacte de responsabilité », formulée dans « Le Figaro » par le numéro 2 du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a en substance dit « chiche » (lire page 5). Entre les deux, le ministre du Travail, François Rebsamen, a vertement répliqué au Medef, lui reprochant, sur RTL, de « sans arrêt geindre et pleurnicher ». Des déclarations inhabituelles pour un ministre en charge du dialogue social, mais elles ont été relayées par les dirigeants de la majorité et approuvées à l'Elysée. « Toutes les déclarations non maîtrisées du Medef affaiblissent les réformistes syndicaux et politiques », explique-t-on à la présidence, où l'on est excédé. L'exécutif a trouvé particulièrement malvenue la menace de Geoffroy Roux de Bézieux en plein congrès de la CFDT, une centrale qui, contrairement à la CGT et à FO, a accepté de négocier. Il craint aussi les ruades des députés PS qui trouvent que le gouvernement en fait trop pour les grandes entreprises.C'est l'un des gages donnés par l'exécutif à sa majorité qui fait sortir de ses gonds le patronat. La trajectoire des baisses d'impôts promises sur les trois prochaines années ne devrait pas être inscrite dans le collectif budgétaire, qui ne comportera que les mesures pour 2015, en dépit des demandes du patronat. Or, le gouvernement a choisi de baisser d'abord les charges, et de concentrer les baisses d'impôts sur la fin de la période 2015-2017, avec la baisse du taux de l'impôt sur les sociétés et la fin de la « C3S », même si la suppression progressive de cet impôt va démarrer dès l'an prochain avec une baisse de 1 milliard d'euros. « C'est une supercherie complète ! », s'est emporté hier Geoffroy Roux de Bézieux.De son côté, la majorité ne relâche pas la pression. Depuis des semaines, les députés n'ont en effet cessé de demander un rééquilibrage du pacte en faveur des ménages et des PME. Même le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a insisté sur ce point mardi soir. Il a aussi demandé la préservation des pensions d'invalidité et d'accidents du travail, qui doivent être gelées dans le cadre du plan d'économies. Le gouvernement est prêt à un geste sur ce point (« Les Echos » d'hier). A condition de ne pas toucher à l'architecture globale du pacte. « Les baisses d'impôts seront presque équilibrées entre les entreprises et les ménages en 2015 », a insisté le ministre des Finances Michel Sapin dans un entretien aux « Echos ». Mais le débat parlementaire n'a pas encore commencé…