Certains parlementaires socialistes réclamaient un virage à gauche. L'arrivée de Manuel Valls à Matignon les aura déçus. Quant à la promesse de François Hollande de baisser « rapidement » les cotisations des salariés, suggérée par le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, lundi dernier, c'est paradoxalement une idée défendue depuis longtemps par le Medef. Cette proposition, tout droit venue de l'UIMM, le laboratoire social du patronat, avait été baptisée dès 2011 par Laurence Parisot la « double hélice ». Elle consistait à supprimer simultanément les cotisations familiales patronales et à baisser les cotisations salariales. Avec une différence de taille par rapport au schéma de François Hollande : la première baisse était financée par une hausse de TVA et la seconde par une hausse de la CSG. A l'époque, le Medef tablait sur une baisse cumulée de 12 points de cotisations (patronales et salariales).Plus récemment, Jean-François Pilliard, le vice-président du Medef, devant les journalistes d'information sociale (Ajis), avait réaffirmé qu'il n'était pas anormal, si l'on supprimait les cotisations patronales famille, qui relèvent de la solidarité nationale, de suivre la même logique pour les salariés. Il n'y a pas de cotisations salariales pour la famille, en revanche, une cotisation de 0,75 point est encore due par les salariés pour financer l'assurance-maladie. Supprimer cette cotisation coûterait environ 5 milliards à l'Etat. La mesure annoncée par François Hollande lundi soir n'a pas encore été détaillée, mais elle sera vraisemblablement moins coûteuse et surtout ciblée sur les salaires proches du SMIC.

Les syndicats partagés

Pour le patronat, le principal avantage d'une baisse des cotisations salariales est de pouvoir revaloriser les salaires nets tout en jugulant les augmentations salariales qui ont tendance à grignoter les gains de productivité. C'est aussi une façon de faire accepter les baisses de charges patronales. Sur ce point, cela rejoint l'objectif du chef de l'Etat, dont le pacte de responsabilité est critiqué par les courants les plus à gauche de la majorité.Les syndicats, eux, sont partagés. Ils souhaitent rééquilibrer le pacte mais se méfient des baisses de cotisations salariales, y voyant une menace pour le financement de la Sécurité sociale.