"C'est une attaque islamiste avec des liens avec l'EI", a déclaré Gerhard Karner, faisant référence au groupe Etat islamique, lors d'un point presse à Villach, la commune de Carinthie où l'attaque a eu lieu samedi.
Selon le ministre, le suspect, un demandeur d'asile syrien de 23 ans, s'était radicalisé en ligne "en peu de temps".
Le président autrichien Alexander Van der Bellen a qualifié l'attaque d'"épouvantable", tandis que le chancelier conservateur Alexander Schallenberg a déclaré que "la haine, l'intolérance et l'extrémisme n'ont pas leur place dans notre société ouverte et pluraliste".
Ce drame a vivement secoué l'Autriche, où l'extrême droite est arrivée pour la première fois en tête des élections législatives en septembre mais a échoué cette semaine à former un gouvernement avec les conservateurs sortants, en raison de désaccords sur la sécurité notamment.
Le meurtrier présumé, bénéficiant d'un permis de séjour valide et sans casier judiciaire, a été arrêté juste après l'attaque qui aurait pu faire beaucoup plus de victimes si un autre Syrien ne l'avait interrompu en le percutant en voiture, selon la police.Lors d'une perquisition effectuée dans l'appartement du suspect, la police a trouvé "des preuves claires d'une pensée radicale islamiste", comme des drapeaux de l'EI accrochés au mur, a déclaré Michaela Kohlweiss, cheffe de la police de Carinthie.
Le conseil représentatif des musulmans d'Autriche, IGGOe, a condamné dimanche cet "acte odieux" qui est "en totale contradiction avec les valeurs de notre foi".
M. Karner a affirmé qu'il souhaitait organiser des "contrôles aléatoires massifs (...) ciblant des groupes particuliers, à savoir des demandeurs d'asile (...) d'origine syrienne ou afghane" pour tenter de prévenir de telles attaques, sans en préciser les modalités.
"La police doit disposer de meilleurs moyens (...) pour assurer la sécurité des gens dans ce pays", a-t-il ajouté.
Parmi les habitants de Villach venus déposer des bougies sur le lieu du drame, Tanja Planinschek a confié avoir "peur pour (ses) enfants" et se sentir "infiniment triste".
Selon elle, le pays "devrait ouvrir les yeux et voir à qui nous ouvrons nos portes, qui nous aidons, à qui nous laissons toutes sortes de libertés... Si rien n'est fait, cela deviendra encore pire."
- "Le mal et le bien" -
Selon la police locale, l'homme a attaqué samedi des passants "au hasard" avec un couteau. Un garçon de 14 ans est décédé tandis que cinq personnes, dont la plus âgée a 36 ans, ont été blessées. Trois d'entre elles ont été admises en soins intensifs dans un état stable.
Parmi les blessés se trouvent deux adolescents âgés de 15 ans.
"J'ai vu une personne allongée au sol et un homme qui attaquait d'autres passants, je n'ai pas réfléchi à deux fois et je l'ai percuté", a raconté Alaaeddin Alhalabi, 42 ans, le livreur qui a stoppé l'attaquant, cité par le tabloïd Krone.
"Il voulait se diriger vers le centre-ville, il y avait des enfants dans la rue, je ne pouvais pas laisser cela se produire", a-t-il ajouté, exprimant ses regrets de ne pas avoir pu sauver l'adolescent de 14 ans.
Peter Kaiser, le gouverneur de la province de Carinthie, l'a remercié, affirmant aux journalistes que ce drame montrait "à quel point le mal, le terrorisme et le bien, l'humanisme, coexistent étroitement au sein de la même nationalité, ici en Autriche".
Selon un autre témoin, Mahir, 29 ans, "au début, (l'assaillant) se disputait avec des gens dans une rue adjacente, puis il a commencé à frapper autour de lui. Nous avons d'abord essayé de le maîtriser. Puis nous avons vu le couteau et nous nous sommes éloignés", a-t-il raconté à Krone.
- "Rapatriement et expulsion" -
Le dirigeant d'extrême droite Herbert Kickl, dont le Parti de la Liberté (FPÖ) a remporté les élections législatives en septembre pour la première fois de son histoire, s'est dit "consterné" par l'attaque, appelant à "une réduction rigoureuse du droit d'asile".
L'Autriche accueille une importante population de réfugiés syriens, au nombre d'environ 100.000.
Après la chute de Bachar al-Assad en décembre, l'Autriche et plusieurs pays européens ont gelé les demandes d'asile en cours émanant de Syriens pour réévaluer leur situation.
De plus, l'Autriche a mis fin aux regroupements familiaux. Le ministère de l'Intérieur a déclaré qu'il préparait "un programme cohérent de rapatriement et d'expulsion vers la Syrie".
L'Autriche n'avait été jusqu'à présent touchée que par une seule attaque jihadiste, en 2020, lorsqu'un sympathisant de l'État islamique avait ouvert le feu dans le centre de Vienne, tuant quatre personnes.