Les investisseurs étrangers fuient-ils la France ? En évoquant une chute de 77 % des investissements directs étrangers en 2013, un rapport de la Cnuced avait fait grand bruit en début d'année. Et avait accrédité l'idée d'un désamour des entreprises étrangères à l'égard du site France et d'une défiance croissance à l'égard de la politique économique du nouvel exécutif. Ce sombre tableau a été, hier, largement tempéré par le bilan de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii). « L'attractivité de la France s'est maintenue en 2013 en dépit d'un contexte économique difficile », a souligné son directeur général, Serge Boscher.L'an dernier, la France a attiré 685 nouveaux projets (contre 693 en 2012) permettant la création ou le maintien de 29.631 emplois (contre 25.908), selon l'Afii. Pour la troisième année d'affilée, le nombre de projets d'investissements reste donc à peu près stable. Mais alors que la taille de ces projets avait tendance à être de plus en plus modeste, la baisse du nombre d'emplois associés s'est enrayée. Un bon point que le chef de l'Etat, François Hollande, n'avait pas manqué de souligner dès février lors de la réunion du conseil stratégique de l'attractivité.
Peu d'usines en projet
Autre motif de satisfaction relevé hier par l'Afii, « l'attractivité en matière de recherche et d'innovation se renforce » : 77 décisions d'investissements ont été recensées dans les fonctions de R&D, ingénierie et design, soit un niveau record et en hausse de 33 % par rapport à 2012. Dans la seule R&D, la progression est de 13 % et, avec 51 nouveaux projets, 2013 égale le niveau record de 2010. Samsung a, par exemple, installé un centre de R&D à Sophia-Antipolis. « Le crédit d'impôt recherche est notre blockbuster, explique Serge Boscher. En moyenne, 2.000 entreprises étrangères en bénéficient chaque année. » Les activités de R&D génèrent des emplois très qualifiés, généralement plus stables que les emplois productifs, souligne le rapport.Toujours du côté des nouvelles rassurantes, le nombre d'investissements dans les activités de production industrielle, qui était en baisse depuis 2010, repart à la hausse (avec 209 décisions). « Ces projets représentent 40 % de l'emploi total », poursuit l'Afii. Parmi ceux-ci, figure la reprise de sites en difficulté, dont le nombre a plus que doublé l'an dernier (avec 65 projets), comme les deux usines Rio Tinto par l'allemand Trimet.Reste que le bilan dressé hier par l'Afii comporte aussi des signaux inquiétants. Comme le moindre intérêt des grands partenaires de la France, Etats-Unis en tête (lire ci-dessous). Ou encore la difficulté à attirer les investisseurs des pays émergents. Comme aussi le très faible nombre de projets de création de nouvelles usines (32 seulement l'an dernier). Ou encore la faible part des projets d'établissement de quartiers généraux dans l'Hexagone. L'an dernier, seuls 5 investisseurs étrangers ont décidé de faire de la France leur « QG » pour l'Europe, contre 12 en 2012 et 20 en 2011…Il faudra en outre attendre la publication du baromètre Ernst & Young fin mai pour juger de la « résilience » de la France au regard de la performance de nos voisins. Car dans la grande bataille pour attirer les investisseurs, l'Allemagne et le Royaume-Uni ne se sont pas contentés de résister ces dernières années. Ils ont gagné des parts de marché. Le gouvernement français s'est fixé pour objectif d'attirer 1.000 projets étrangers par an d'ici à 2017. Il va devoir mettre le turbo.