"La sidérurgie européenne est actuellement en crise, avec un niveau de demande et de prix de l'acier atteignant un bas historique. Ce contexte explique la décision d'ArcelorMittal de reporter son investissement dans la décarbonation du site de Dunkerque, qui ne tourne actuellement pas à pleine capacité", a affirmé Marc Ferracci, dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon le journal l'Usine Nouvelle qui a révélé l'information samedi, "le groupe demande désormais des mesures de protection de l'acier européen de la part de la Commission européenne avant d'engager tout investissement de ce type en Europe". 

Contacté par l'AFP, ArcelorMittal n'a pas réagi dans l'immédiat.

Emblématique des efforts de cette industrie pour réduire son empreinte carbone, le projet d'ArcelorMittal à Dunkerque a été chiffré à 1,8 milliard d'euros, comprenant une aide de l'Etat pouvant aller jusqu'à 850 millions d'euros. 

Il s'agit de construire deux fours électriques et une unité de réduction directe du fer, première étape pour produire l'acier décarboné.

Le ministre délégué a assuré que "l'Etat français travaille, notamment avec les autres pays européens, pour rétablir des règles équitables face à la concurrence internationale".

Gaëtan Lecocq, secrétaire général de la CGT à Arcelor Dunkerque et élu au CSE de Dunkerque, a évoqué "un scénario noir", sans être en mesure de confirmer les projets éventuels de la direction.

"Avec les engagements liés à la COP21, on doit réduire nos émissions de CO2 d'un tiers d'ici 2030. Si on ne tient pas ces engagements, dans le meilleur des cas,  Arcelor supprime toute la filière fonte, qui représente la moitié de l'usine (...). Le scénario le plus pessimiste, qu'on redoute, c'est la fermeture de l'usine", a déclaré le syndicaliste à l'AFP.

Arcelor Dunkerque, c'est "le plus haut fourneau d'Europe, 3.200 CDI directs, entre 8.000 et 9.000 en comptant les emplois indirects. Une famille sur cinq du Dunkerquois travaille directement ou indirectement pour ArcelorMittal", a-t-il insisté.

"Pour l'instant, on met la pression sur les politiques pour qu'ils agissent, on ne va pas se laisser crever comme ça (...) on est le premier syndicat de la métallurgie en France, on sait se battre. Dès que les annonces vont tomber, on sera prêts", a-t-il promis.