De premiers heurts ont éclaté dans l'après-midi lors du procès devant les assises du meurtrier présumé d'Arthur, un jeune homme de 19 ans tué en 2021 dans une rixe à Sainte-Geneviève-des-Bois, commune de l'Essonne située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

L'incident a commencé dans la salle des pas perdus au moment où l'accusé était interrogé sur les faits par la cour, conduisant à une première suspension.

Plusieurs dizaines de jeunes ont échangé des coups de pieds et de poings avant d'être séparés par les forces de l'ordre.

Quelques heures plus tard et malgré un contrôle renforcé à l'entrée du palais de justice, une nouvelle empoignade s'est déclenchée juste avant que les vidéos de l'agression d'Arthur ne soient diffusées par la cour.

"Cette après-midi a été émaillée de deux incidents ayant nécessité des suspensions d'audience et l'intervention des forces de l'ordre", a déploré Michaël Humbert, le président de la cour d'assises. 

"La cour estime que les conditions ne sont plus réunies pour que l'ordre public soit préservé et ordonne le huis clos", a-t-il annoncé.

Au cœur de ce procès et des tensions de la journée, la rivalité entre bandes de jeunes de Sainte-Geneviève-des-Bois et de Saint-Michel-sur-Orge, deux communes mitoyennes.

Originaire de Saint-Michel, Arthur a été roué de coups dans la nuit du 15 au 16 juillet 2021 à Sainte-Geneviève.

Avec son ami Amine, alors âgé de 18 ans, il s'était rendu ce soir-là sur un scooter volé dans cette commune située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

Blessé, Amine est parvenu à s'enfuir mais Arthur a été violemment frappé et en partie dénudé par ses agresseurs. Inconscient, il a été transporté à l'hôpital, où il est décédé deux jours plus tard.

- En découdre -

Entendu jeudi, Amine a reconnu qu'Arthur et lui étaient venus à Sainte-Geneviève avec la volonté d'en découdre. 

Les deux amis avaient été impliqués dans plusieurs rixes. Surnommé "Joker", Arthur était par ailleurs le manager d'un groupe de rap, "2.4 secteur", implanté dans le quartier saint-michellois du Bois-des-Roches et en conflit, à coups de clips interposés, aux Génovéfains de la "700 S".

Une arme à feu avec l'ADN d'Arthur avait été retrouvée non loin des lieux du crime ainsi que des cagoules ayant probablement été portées par les deux amis.

Avant que la première bagarre n'éclate puis à la reprise des débats, l'accusé, José M.M., a pu longuement livrer sa version.

Interpellé une dizaine de jours après les faits, cet homme de 26 ans comparaît détenu.

L'enquête a permis de l'identifier sur l'une des vidéos filmées par les agresseurs et diffusées sur les réseaux sociaux, souvent accompagnées de moqueries ou de provocations.

Les ADN d'Arthur et d'Amine figuraient sur des taches de sang sur son pantalon.

En juin 2023, près de deux ans après la mort d'Arthur, trois suspects ont été mis en examen, un autre placé sous le statut de témoin assisté. Mais, à l'issue de l'instruction, ils ont bénéficié de non-lieux en l'absence de "charges suffisantes".

Si le seul accusé a exprimé des regrets à la famille d'Arthur et concédé un "sentiment de honte", il a nié avoir porté les coups mortels même s'il a reconnu sa participation à la rixe.

José M.M. n'a pas non plus souhaité livrer les identités des autres assaillants par peur de représailles.

"Il y a des gens bien intentionnés dans cette salle, mais il y a aussi des gens qui voudraient leur faire la peau", a-t-il avancé.

"Si je donne les noms, je mettrai des personnes en grand danger", s'est défendu l'accusé, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Verdict attendu vendredi.