Après le geste sur les petites retraites, le gouvernement fait un pas vers les députés du bloc central concernant une autre mesure sensible du budget 2025 : le coup de rabot de 4 milliards d'euros prévu sur les allégements de charges des entreprises. Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget, a promis mardi matin sur France 2 d'aboutir « dans les tout prochains jours », avec le groupe EPR au Parlement, à « un compromis » pour « qu'il y ait moins d'économies faites sur les allégements de charges que ce qui est proposé dans la copie initiale du gouvernement ». Selon nos informations, Bercy propose aux députés macronistes de ramener le quantum d'économies à 2 milliards, en ciblant les salaires moyens et élevés. Il n'y aurait donc plus de relèvement de 4 points des cotisations au niveau du SMIC, élément déclencheur de critiques largement répandues sur les bancs de l'Assemblée nationale.

Exit la « désmicardisation »

Les économies viseraient en particulier les exonérations actuelles au-delà de 2,5 SMIC (1,8 point jusqu'à 3,5 SMIC, pour un coût d'environ 1,6 milliard), dont les effets sur l'emploi sont contestés. Mais avec ce scénario, l'ambition de « désmicardiser » l'économie française avec des allégements moins ciblés sur les bas salaires risquerait d'être abandonnée… « Plusieurs scénarios sont sur la table, rien n'est encore tranché, indique-t-on au ministère du Budget. Ce qui est sûr c'est que la main du gouvernement est tendue, et que nous souhaitons trouver un compromis. »

Mais selon un cadre macroniste de la commission des Finances, « les discussions avec le gouvernement restent tendues ». D'abord parce que les députés jugent le geste de l'exécutif insuffisant. Ils refusent toute hausse du coût du travail, et ont d'ailleurs poussé à l'annulation pure et simple de la mesure pendant les débats à l'Assemblée. Ensuite parce qu'ils n'ont pas digéré l'annonce faite lundi soir par le chef de file des députés Droite Républicaine (DR), Laurent Wauquiez, sur la revalorisation partielle des retraites au 1er janvier. En accord avec le gouvernement mais sans que les élus EPR aient été prévenus auparavant.

Lors de la réunion de groupe EPR à l'Assemblée mardi matin, il a donc été convenu de poursuivre le bras de fer avec l'exécutif. « Nous restons fermement opposés à l'augmentation du coût du travail qui dans le contexte actuel aurait mécaniquement un impact important sur l'emploi et le chômage », indique l'ancien ministre du Budget, Thomas Cazenave.Côté gouvernement, on regrette que les députés de l'ex-majorité présidentielle ne saisissent pas pour l'instant la perche qui leur est tendue. Alors que les députés du groupe DR ont accepté, eux, d'endosser un aménagement du gel des retraites, qui préserve en réalité une grande partie des économies visées en 2025.

Autre point difficile : les économies compensatrices. Certains députés ont mis sur la table la création d'une deuxième journée de solidarité. Le gouvernement estime de fait qu'il faut augmenter la durée travaillée, mais Matignon s'est montré jusqu'à présent réticent sur la suppression d'un jour férié, mesurée impopulaire et jugée complexe à mettre en oeuvre.