L'idée, ne cache pas son auteur, constitue une « vraie rupture ». Dans un rapport commandé par François Hollande et remis vendredi au chef de l'Etat, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez et président de la Fondation Agir contre l'exclusion (Face), propose de « favoriser l'accompagnement direct des chômeurs, en particulier de longue durée, par l'entreprise ». Sans que ces dernières ne s'engagent à les recruter dans la foulée, ni ne les rémunèrent forcément. Une démarche, assure-t-il, pragmatique et gagnant-gagnant. Pour les chômeurs, qui « feraient un pas vers la réinsertion et s'éloigneraient de la situation d'exclusion » en touchant au plus près la réalité du monde du travail. Pour les entreprises, qui, dans le « momentum » que lance le pacte de responsabilité, « ont envie de se mobiliser » et y trouveraient un nouveau champ d'expression de la « responsabilité sociale des entreprises » (RSE).Concrètement, il demande à l'Etat de « favoriser et élargir » les possibilités pour les entreprises de « prendre directement en charge des dépenses de formation et d'accompagnement » des chômeurs, en les imputant sur les dépenses obligatoires de formation et via un crédit d'impôt innovation sociale. Surtout, il préconise de « créer un dispositif d'alternance pour les chômeurs de longue durée » : ces derniers resteraient sous le statut de « stagiaire de la formation professionnelle » et seraient à ce titre rémunérés par les régions et/ou Pôle emploi, « seul le tutorat étant pris en charge par l'entreprise ».
Dispositif similaire
Des syndicats pourraient s'insurger de voir des chômeurs effectuer ainsi « gratuitement » des périodes de travail. Cela existe toutefois déjà : l' « évaluation en milieu de travail » en place depuis 2006 à Pôle emploi permet à un chômeur, sur la base du volontariat, de travailler, selon les cas, de 40 heures maximum à 120 heures maximum dans une entreprise en restant pris en charge par Pôle emploi. L'entreprise ne paye rien et se voit même verser 2 euros par heure. L'idée est de permettre à un chômeur de tester une nouvelle voie et de rester au contact du monde du travail, et aux entreprises de jauger des candidats potentiels.Le rapport préconise par ailleurs un vaste développement de l'alternance, « arme particulièrement efficace contre le chômage », notamment via des incitations fiscales, notamment sur les périodes d'alternance préalable à une embauche en CDI ou encore en « éxonérant totalement de charges » les contrats d'apprentissage et de professionnalisation « pour les plus bas salaires » (jusqu'à 1,2 Smic), et même au-delà « pour des secteurs en développement ».C'est mal parti : les entrées en apprentissage ont chuté de 8 % l'an passé et, en dépit de la levée de boucliers du patronat, l'Etat a acté, l'été dernier, une coupe de 20 % des aides publiques à l'apprentissage, entrée en vigueur depuis le 1erjanvier. Une autre proposition, récurrente chez le patronat, devrait rester lettre morte : celles d'ouvrir plus largement l'accès du secteur marchand aux emplois d'avenir et de revaloriser l'aide de l'Etat (35 % du SMIC, contre 75 % dans le non- marchand).