Lors de sa rencontre, aujourd'hui avec François Hollande, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, devrait plaider, comme il le fait depuis le début de la semaine dernière au fil de sa tournée européenne, pour une accélération des négociations commerciales entre Tokyo et Bruxelles. En mars 2013, l'Union et le Japon avaient formellement lancé des pourparlers pour créer un vaste pacte de libre-échange, baptisé « EPA », entre leurs deux marchés, mais les promesses d'ouverture avancées par les deux parties sont encore jugées insuffisantes. « Je voudrais que l'on finalise ces négociations en 2015 », a pourtant lancé le 1er mai Shinzo Abe.Le chef du gouvernement nippon a besoin de rapidement réveiller son commerce extérieur qui n'a, pour l'instant, que peu profité de la récente dépréciation du yen. S'il vient de signer un accord de libre-échange avec l'Australie, il n'a pas réussi à faire accepter ses conditions aux Etats-Unis dans le cadre de la négociation du partenariat transpacifique (TPP) qui doit doper les échanges entre 12 nations de la zone Asie-Pacifique. Comme dans les pourparlers avec Bruxelles, ce sont les nombreuses barrières tarifaires ou non tarifaires protégeant plusieurs marchés agricoles nippons qui bloquent encore les discussions. « Je suis prêt à tout pour faire de l'EPA une réalité », a martelé Shinzo Abe.

« Surgénérateur »

Le dirigeant espère aussi que l'industrie nucléaire japonaise, qui a été malmenée par la catastrophe de Fukushima, redeviendra rapidement l'un des segments les plus dynamiques du commerce extérieur nippon. Cherchant à redémarrer plusieurs des réacteurs du pays, il attend beaucoup de la mise au point, par ses ingénieurs, d'un réacteur de 4e génération qui produirait moins de déchets. De nombreux pays planchent sur cette technologie révolutionnaire, mais se sont heurtés à la dangerosité de la manipulation du sodium, utilisé pour le refroidissement des coeurs de réacteurs. Aujourd'hui, Shinzo Abe et François Hollande pourraient annoncer un important partenariat sur ce concept de « surgénérateur ». La France aimerait pouvoir tester des combustibles de son programme Astrid dans le surgénérateur expérimental japonais de Monju, qui semblait pourtant condamné au démantèlement.