Fermée pendant sept ans pour des travaux de réhabilitation et de restauration, l'ancienne église néo-gothique, bâtiment le plus élevé du cœur historique de Montpellier, accueille dès vendredi "JR Adventice", installation créée pour l'occasion par l'un des artistes français vivant les plus célèbres.

Connu pour ses réalisations sur l'espace public, JR a notamment exposé des portraits géants de Palestiniens et d'Israéliens sur le mur de Gaza et s'est aussi rendu célèbre pour ses collages photographiques géant déployés dans les favelas de Rio, à Shanghai, à New York ou au Népal.

Après un large appel à participation lancé en mars, des milliers de personnes ont photocopié leurs mains en noir et blanc, avant de les découper. Puis l'équipe de l'artiste aux lunettes et au chapeau noirs les ont accrochées au plafond de l'église et aux branches d'un arbre au large tronc planté au cœur de l'ancien lieu de culte.

"Pendant toute l'exposition, cela va continuer: il y aura des photocopieuses, les mains deviendront des feuilles, avec chacune leur particularité, mais dans lesquelles on peut tous se représenter", a expliqué JR, en faisant découvrir sa nouvelle installation à la presse.

- "Mauvaises herbes" -

"C'est un arbre onirique. Dans cinq mois, on n'en verra plus les branches, il sera entièrement recouvert des mains des visiteurs, qui viendront s'ajouter à celles déjà envoyées par des enfants, des résidents de maison de retraite, des personnes handicapées", a expliqué l'artiste, né à Paris il y a 42 ans, soulignant l'importance pour lui de "rendre le côté participatif très facile".

Commissaire de l’exposition et directeur du Mo.Co. (Montpellier contemporain), Numa Hambursin fait pour sa part le lien entre cet arbre monumental et une "histoire mystérieuse et méconnue de Montpellier", dont l'artiste s'est inspiré.

"Au Moyen-Age, lorsque les premiers moulins drapiers firent leur apparition sur les rives du Lez, on vit pousser par endroit une flore inconnue. La laine brute, importée d'Espagne, d'Afrique du Nord ou encore de Constantinople, était lavée dans les eaux du fleuve, laissant échapper des graines lointaines, qui ont trouvé un terrain favorable pour se développer", explique-t-il.

"Aujourd'hui encore, ces plantes participent du sentiment d'étrangeté que l'on éprouve en parcourant certaines portion du Lez. C'est aussi de là que vient le titre de l'exposition: +JR Adventice+. Le terme, issu du latin, se réfère à la fois à +ce qui vient de l'extérieur+ et aux +mauvaises herbes+. Pour JR, l'herbe venue d'ailleurs participe à l'épanouissement d'une terre, d'une ville ou d'un pays", ajoute le commissaire de l'exposition.

Devenu un espace d'exposition d'art contemporain dans les années 1990, le Carré Saint-Anne vient tout juste d'ouvrir au public, après une rénovation de plus de cinq millions d'euros. 

"JR Adventice", exposition gratuite, sera ouverte du mardi au dimanche jusqu'au 7 décembre.