Quelques heures plus tôt, l'assemblée de la région méridionale chinoise a rejeté à une large majorité un projet de loi porté par le gouvernement qui proposait d'octroyer quelques droits devant la mort et la maladie à ces couples à qui le mariage est refusé. Le texte devait leur permettre de rendre visite à un partenaire à l'hôpital ou encore de réclamer le corps de son conjoint décédé.
Il devait certes être restreint aux seuls couples ayant contracté à l'étranger un mariage ou une union civile.
Mais ce vote défavorable représente une défaite cinglante pour les associations LGBT+ qui, bien que critiques à l'égard d'un texte à la portée limitée, s'étaient résignées à le soutenir, espérant un rare pas en avant pour l'égalité de tous les Hongkongais devant la loi après des années de militantisme.
C'était "attendu", confient plusieurs personnes à l'AFP, néanmoins remuées par la nouvelle.
Pour Holok Chen, l'artiste à l'origine de l'événement, il est important, dans un premier temps, de fournir un soutien émotionnel, en particulier aux plus jeunes, au lieu d'en rester à visionner les discours des députés.
"Je veux profiter d'une activité relativement calme (la broderie, ndlr) pour contenir et traiter ce mécontentement, et préserver notre énergie pour agir" ensuite, explique Holok Chen.
A l'extérieur du Parlement, le militant des droits humains Jimmy Sham confie lui aussi sa déception.
Il avait été à la manœuvre en 2023, quand la justice avait fini par ordonner aux autorités de façonner un "cadre alternatif" pour reconnaître les droits des couples jusqu'ici lésés - ce qui a conduit au projet de loi.
"Une partie de moi est en colère, mais j'espère que chacun va, comme moi, ne pas rester découragé et faire ce qu'il peut pour Hong Kong", espère le militant, qui dit étudier des alternatives au niveau juridique, après le rejet du projet de loi.
Kevin Wong, administrateur dans le domaine artistique de 54 ans, fait, lui, part de son inquiétude. Il avait exhorté les députés en juillet à soutenir le texte, après avoir eu lui-même à expérimenter les suites du suicide de son compagnon en 2021.
"Les couples de même sexe pourraient se voir refuser le droit de faire leurs adieux à l'hôpital (...) ou même être empêchés d'assister aux funérailles" de leur conjoint décédé", faute d'inscription de ces droits dans la loi, anticipe-t-il.
Il dit craindre que dans les années qui viennent, les personnes LGBT+ vivent "dans une environnement défavorable" quant à leurs droits, tant à Hong Kong qu'à l'étranger.