Il faudra attendre un peu pour connaître les perspectives d'évolution de l'emploi des cadres, mais alors que « beaucoup d'acteurs anticipent un ralentissement du marché du travail », Gilles Gateau a rappelé que « l'emploi des cadres ne suivait pas forcément la même trajectoire que l'emploi en général » du fait de la déformation de la structure du salariat. « Depuis la baisse de leurs effectifs en 1991, soit il y a plus de trente ans, ils n'ont cessé d'augmenter », a souligné le DG de l'Apec.
Les seniors moins bien lotis
Information également précieuse pour les négociations qui s'ouvrent dans les entreprises : le baromètre donne aussi des précisions sur la rémunération annuelle totale, fixe plus variable, perçue. La médiane pour 2024, c'est-à-dire le niveau au-dessus duquel se situe la moitié des cadres et autant en dessous, s'est élevée à 54.000 euros, soit 1.000 euros de plus qu'en 2023 (+1,9 %) et 2.000 euros de plus qu'en 2022. Le salaire moyen, lui, s'est monté à 60.700 euros en 2024, en progression de 1,6 % par rapport à l'année 2023.L'enquête tord au passage le cou à une idée reçue concernant les cadres seniors. Elle montre en effet que cette catégorie d'employés est bien moins lotie que les autres. Contrairement aux autres tranches d'âge, les 50 ans et plus ont vu leur salaire médian stagner depuis 2021 à 60.000 euros, si bien que désormais celui-ci n'est plus supérieur que de 1.000 euros au niveau des quadragénaires.« Il y a une idée reçue selon laquelle les cadres seniors sont plus chers qui n'est pas totalement fausse, car cette donnée est une médiane, mais cela veut dire que l'écart n'est pas aussi considérable qu'on l'entend parfois et surtout qu'il s'est réduit ces dernières années », a souligné Gilles Gateau. Il ajoute que cela rejoint les conclusions d'autres enquêtes qui pointent un moindre accès aux formations comme aux promotions et aux augmentations pour les salariés les plus âgés.
Autre point notable soulevé par l'étude anuelle : près des deux tiers des cadres se déclarent globalement satisfaits de leur rémunération, avec cette fois-ci une vision plus critique (même si le positif reste majoritaire) chez les moins de 40 ans pourtant plutôt mieux traités en matière d'augmentations, et les plus de 50 ans.Par ailleurs, toutes tranches d'âge confondues, tout cela n'empêche pas une forte inquiétude sur le pouvoir d'achat avec un décrochage qui a été marqué sur ce point en 2021. Les deux tiers des cadres se déclarent en effet préoccupés par l'inflation et considèrent que leur situation s'est dégradée depuis la crise du Covid.