Samsung, le plus grand conglomérat sud-coréen, entre en mode « crise ». Inquiet de la dégradation des résultats de certaines de ses activités et de la poussée des tensions politiques, la direction du groupe, piloté par Lee Jae-yong, le petit-fils du fondateur, a décidé d'imposer à tous ses cadres une sixième journée de travail par semaine.Le chaebol, qui contrôle plus de 70 filiales employant plus de 300.000 personnes dans le monde, n'a pas communiqué officiellement sur cette décision mais plusieurs membres du management ont confirmé aux médias locaux que cette nouvelle organisation était actuellement déployée en Corée du Sud. Dorénavant, les cadres de Samsung Electronics, de Samsung SDI, de Samsung Display, de Samsung Heavy Industries, de Samsung E & A ou encore de Samsung C & T doivent venir travailler le samedi ou le dimanche en plus de leurs cinq journées d'emploi hebdomadaire.

Pas de compensation

Etant embauchés, dans la majorité des cas, sur des contrats courts renouvelables, bien rémunérés, les considérant légalement comme des employeurs et non des employés, ces cadres ne peuvent théoriquement pas prétendre à la moindre compensation financière pour la journée de travail supplémentaire qu'ils vont donner à leur entreprise.En imposant ce nouveau rythme à ses managers, la direction de Samsung souhaiterait instaurer un sentiment d'urgence dans l'ensemble de ses équipes.Le conglomérat s'inquiéterait d'une possible dégradation de la conjoncture économique mondiale, alimentée notamment par le prolongement du conflit en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient. Il craint également une hausse du prix du pétrole, une dépréciation continue du won coréen face au dollar ou encore une poussée des mesures protectionnistes après l'élection présidentielle américaine de novembre.Pointant la multiplication des risques, la direction souhaiterait que ses cadres se retrouvent le week-end pour analyser la pertinence de leurs stratégies et les ajuster afin de préserver le chiffre d'affaires et le niveau de profitabilité des différentes filiales.En 2023, plusieurs entités avaient encaissé une dégradation de leurs résultats. Samsung Electronics, le « joyau » du chaebol, avait souffert de la plongée dans le rouge de sa division semi-conducteur. Sur l'année, elle avait affiché une perte opérationnelle de 15.000 milliards de wons (10 milliards d'euros) et fait plonger de 85 %, en glissement annuel, les profits de l'ensemble de l'entreprise, qui s'étaient retrouvés à leur plus bas niveau en quinze ans.

Le coup de stress de 2023

Depuis, cette division semi-conducteurs a ajusté ses stocks et poussé les productions de puces mémoire à très forte valeur ajoutée afin de redresser ses profits, mais la séquence 2023 a profondément inquiété la direction.Dans la foulée de Samsung, d'autres conglomérats sud-coréens pourraient être tentés, dans les prochaines semaines, de convoquer leurs cadres le week-end. SK, le deuxième plus grand chaebol du pays, qui contrôle notamment le spécialiste des puces mémoires SK Hynix, a déjà réinstauré la réunion, deux samedis par mois, de tous les dirigeants de filiales de la société. Dans un message interne diffusé en début d'année, le président de SK, Chey Tae-won, avait expliqué à ses employés qu'il était temps de « resserrer les cordes de la harpe ».