Les emballages et bouteilles jetables épuisent la planète. Face à ce non-sens écologique, des enseignes remettent au goût du jour le bon vieux système de la consigne pour les bouteilles et contenants en tout genre. Un challenge écologique pour les magasins moins évident qu’il n’y paraît.

Tombé en désuétude dans les années 60-70, du fait de la généralisation des emballages à usage unique, le système de la consigne fait son retour dans les linéaires de nos magasins. L’enseigne Carrefour a notamment mis en place un service de consigne fin 2020, dans une dizaine de magasins parisiens, en partenariat avec la start-up Loop, spécialiste de l’économie circulaire pour tendre à du zéro déchet.

L’opération de recyclage mobilise pour l’heure une vingtaine de marques partenaires qui conditionnent leurs produits dans des contenants réutilisables en verre ou en métal (bouteilles, emballages…). A charge pour le client de ramener ces bouteilles et boîtes au magasin pour se faire rembourser la consigne. Tout le processus de consigne est automatisé, via une application en ligne et des codes-barres sur les emballages.

Depuis cette expérimentation zéro déchet, une dizaine d’autres magasins Carrefour, dont un hypermarché, se sont engagés dans la démarche écoresponsable. L’enseigne de distribution Métro a également franchi le pas de l’écoconsommation, en septembre dernier, avec dix magasins pilotes, là aussi implantés en région parisienne.

Consigne de contenants : le réemploi des emballages fait des émules

La grande distribution n’est pas le seul acteur à s’intéresser au sujet du recyclage et de la consigne de contenants. Des enseignes alimentaires bio, comme Biocoop, se mettent aussi au réemploi des bouteilles et boîtes. Idem dans la restauration à emporter, où certaines tables proposent des contenants consignés pour la clientèle en livraison. Burger King se prépare à le faire à Paris, pour ses boissons et sandwichs, dans des contenants en plastique estampillés au logo de la marque.

Les Français semblent prêts à suivre et modifier leurs habitudes de consommation pour une recyclage plus vertueux. Selon un sondage Ifop-WWF, 88 % des consommateurs seraient favorables à la mise en place d’une consigne pour les bouteilles et emballages. Quant au bénéfice environnemental, il semble acquis. Comparé à la production d’un nouvel emballage, le réemploi d’un contenant est bien moins dommageable pour l’environnement. D’après une étude réalisée pour le secteur brassicole, la consignation des bouteilles permettrait d’économiser jusqu’à 76 % d’énergie, 33 % d’eau, et de réduire de 79 % les émissions de carbone. Même comparé au recyclage, le lavage reste moins coûteux en ressources que le processus de refabrication de bouteilles.

Le développement de la consigne va nécessiter des moyens

Malgré ces atouts, généraliser le réemploi des bouteilles et emballages s’annonce un challenge écologique ardu pour les magasins. D’abord parce qu’il n’y a plus d’usines de lavage en France. Seules subsistent les stations utilisées par les cafetiers, une profession qui a toujours recouru à la consigne pour le verre et les fûts de boisson. Leur capacité est largement insuffisante pour absorber le volume de ce marché potentiel de consignes.

Autre casse-tête pour les entreprises : celui de la logistique, qui implique d’avoir des infrastructures disséminées en France pour limiter l’empreinte carbone du transport des emballages. Là aussi, les entreprises devront mettre sur la table des moyens conséquents pour mettre en place leur démarche écoresponsable. Sans compter l’épineuse question du surcoût financier de la consigne pour le consommateur, ou encore celle de la nécessaire standardisation des contenants.

Face à ces obstacles, la consignation des emballages en verre, portée par la Convention citoyenne pour le climat et la loi climat d’août 2021, qui devait intervenir à l’horizon 2025, a été reportée à une date ultérieure. Si le réemploi des contenants est sans conteste une solution d’avenir écoresponsable, beaucoup reste à faire pour passer d’un stade aujourd’hui expérimental à un déploiement à grande échelle en France.