Dans le sillage d’Uber et de Deliveroo

Difficile de faire abstraction de la montée en puissance de l’auto-entreprenariat. Cette dernière a trouvé un écho favorable auprès de nouvelles plateformes qui promettent de mettre de l’huile dans les rouages pour accompagner cet essor des indépendants.

Uber et autres ont en effet fait des émules dans le paysage de l'auto-entreprenariat.

Elles s’appellent Comet ou encore Malt et Jobooker, et assurent la mise en relation d’auto-entrepreneurs avec des entreprises. LinkedIn serait également à l’affût avec son propre service.

Répondre au boom de l’auto-entreprenariat

C’est bien une tendance forte de l’économie : le marché du travail évolue avec de nouveaux acteurs, mais aussi vers une tendance vers la précarité. Cependant, les chiffres sont là : les français sont de plus en plus nombreux à être séduits par l’auto-entreprenariat.

Le top départ avait été donné en août 2008 avec la loi de modernisation de l’économie qui créait de facto le statut d’auto-entrepreneur en France.

En 2020, ils étaient 548 000 à se lancer à l’aventure pour un total d’approximativement 2 millions d’individus en France. C’est 10% de la population active. Une véritable percée dans le marché du travail, la crise covid ayant largement rebattu les cartes sur fond de télétravail et de frilosité de nombreuses entreprises à proposer des CDI.

Des collectifs d’auto-entrepreneurs se sont créés pour donner le change aux entreprises et tenter de sortir l’indépendant de l’isolement.

Il manquait des services pour mettre en relation ces freelances et les entreprises. Des startups se sont engouffrées dans la faille pour répondre présent à cette vacance.

Pour quels services ?

De nombreux néo-autoentrepreneurs découvrent qu’il est impérieux de trouver fissa des clients pour assurer un revenu.

Ces derniers sont bel et bien présents, avec l’externalisation de tâches et de fonctions des PME en particulier, mais aussi de grands comptes.
Si le sacro saint CDI est loin d’avoir dit son dernier mot, la souplesse et le vivier croissant d'auto-entrepreneurs tendent à convaincre de plus en plus.

Ces plateformes proposent de mettre en relation des auto-entrepreneurs avec des sociétés. Les anglicismes vont bon train puisqu’on parle de plateforme de jobbing et de freelancing.

Elles se présentent comme des sites internet sur lesquels l'auto-entrepreneur va créer un compte en spécifiant ses compétences et le type de missions qu’il recherche.

Leur business model est basé sur des commissions fixes versées, ou d’abonnements, comme pour Jobooker (abonnement mensuel de 19,99 euros).

Un pourcentage du montant de la prestation est ainsi, la plupart du temps, prélevé. Pour Comet, spécialisé dans l’IT, c’est 15%.

Pour le client, c’est la garantie de pouvoir faire appel à un indépendant en un temps record (48 heures souvent) avec des profils et une expertise vérifiés. Pour le freelance, des missions sont recherchées par le service en fonction des compétences et une gestion de l’aspect administratif est assurée. Pour les deux parties, il y a externalisation de ces tâches.

Des communautés, souvent sur Slack (outil collaboratif) , gravitent également autour de ces services et permettent aux freelances de nouer des contacts.

Autre avantage et non des moindres, l’indépendant a la certitude de recevoir un paiement à réception de facture à la fin du mois.

Les obligations pour ces plateformes

L’Etat ne pouvait fermer les yeux face à cette déferlante de l'auto-entreprenariat et des marketplaces dédiées.

Il s’agissait d’encadrer pour protéger les travailleurs et ne pas voir une forme de concurrence déloyale germer dans le marché du travail.

Ainsi, dans le Journal Officiel n°0107 du 6 mai 2017, le décret no 2017-774 du 4 mai 2017 appose un volet social et des obligations à ces « plateformes de mise en relation par voie électronique ». Sont concernés les travailleurs indépendants et les plateformes qui fournissent des services à ces derniers.

Entré en vigueur le 1er janvier 2018, ce décret mentionne que «  lorsqu’une plateforme de mise en relation par voie électronique détermine les caractéristiques de la prestation de service fournie ou du bien vendu et fixe son prix, elle a une responsabilité sociale à l’égard des travailleurs indépendants qui y recourent ».

Toutefois, est fixé à 13 % du plafond annuel de la sécurité sociale (soit, 5099 euros), le seuil du chiffre d’affaires annuel réalisé grâce à ladite plateforme à partir duquel ces obligations sont applicables.

Dès lors, un plafond de prise en charge par la plateforme de la cotisation d’assurance d’accidents du travail souscrite par le travailleur indépendant est fixé.

Sont aussi précisées les conditions de prise en charge des frais d’accompagnement et de l’indemnisation de la perte de revenus dans le cadre du parcours de validation des acquis de l’expérience (VAE).

En résumé

Si l’on ne peut encore parler de changement de paradigme dans le marché du travail, force est de constater que les plateformes de mise en relation de free-lances et de clients correspondent à une appétence croissante pour l’auto-entreprenariat.
Symbole de cette mutation : Malt (plateforme de développeurs freelance) a levé 80 millions d’euros en juin dernier. Elles assurent un encadrement des prestations, tout comme les textes de loi. De quoi rassurer les indépendants et ceux qui hésitent encore à passer le Rubicon.