Cette année ne fera pas exception. Le budget de la Sécurité sociale n’a pas encore été voté. Et pourtant, il fait d’ores et déjà craindre un jeu de vases communicants entre l’Assurance maladie et les mutuelles en défaveur de ces dernières. Et pour cause, le gouvernement cherche à tout prix à endiguer le dérapage des dépenses de santé. L’annonce de la diminution à venir de 5 points du remboursement de la consultation médicale et des différents niveaux de prise en charge des produits de santé par la Sécurité sociale pèse dans la balance et pousse les mutuelles à adapter leurs tarifs.

Des augmentations successives au fil des années

Dans ce contexte, l’enquête annuelle de la Mutualité française apporte des réponses sur l’évolution des cotisations à venir. Le sondage, mené auprès de 41 organismes (représentant près de 19 millions de bénéficiaires) prévoit une hausse moyenne des tarifs des mutuelles de l’ordre de 6 % pour 2025, soient +7,3 % pour les contrats collectifs et +5,3 % pour les contrats individuels. Une progression dans la même veine que les 5 années précédentes : +2,6 % en 2021, +3,4 % en 2022, +4,7 % en 2023 et +8,1 % en 2024, soit au total +27,4 % sur la période. Une hausse conséquente que les mutuelles justifient par l’augmentation des dépenses de santé liées notamment à la revalorisation des actes médicaux, l’évolution des ratios de remboursements, le 100 % Santé, ou encore les changements de politiques de prévention, notamment concernant la bronchiolite. « La hausse tendancielle des dépenses de santé et les mesures connues à date pour 2025 représentent ainsi plus de 2 milliards d’euros en 2025 pour les complémentaires », détaillait la Mutualité française. Ainsi, à la suite de la censure du gouvernement Barnier, les organismes complémentaires sont dans le flou et choisissent d’adopter une démarche prudente.Résultat : le reste à charge pour les patients augmentera cette année encore. Un constat que Gérard Raymond, président de France Asso Santé, dénonce : « On est en train de perdre le système de solidarité et de répartition que nos ancêtres ont mis en place ». « Demain, si cela continue, on ne pourra pas être soigné en fonction de nos besoins et cotiser en fonction de nos moyens », poursuit-il. Une dynamique qui pourrait bien participer au développement d’un accès aux soins à deux vitesses.