Une augmentation qui risque de faire des vagues. Après une hausse moyenne de 8,1 % en 2024, les cotisations des contrats d'assurance-santé vont de nouveaux progresser de 6 % en moyenne en 2025, selon les résultats d'une enquête publiée mercredi par la Mutualité Française et menée auprès de 41 mutuelles couvrant 18,9 millions de personnes.

« Nous comprenons que les personnes s'interrogent sur cette augmentation, mais celle-ci se fait au niveau strictement nécessaire pour pérenniser la protection de tous », a fait valoir Eric Chenut, président de la Mutualité, cité dans un communiqué. Et de prévenir que, « sans refonte structurelle, ces dépenses continueront d'augmenter jusqu'à ce que nous ne puissions plus y faire face ». Dans le détail, la hausse la plus forte concerne les cotisations des contrats collectifs (d'entreprises) obligatoires. Ces derniers augmenteront en moyenne de 7,3 %, après 9,9 %, en 2024. Les contrats individuels - qui avaient connu une progression moyenne de 7,3 % l'année précédente, selon la Mutualité - augmenteront, eux, de 5,3 %. Pour rappel, la majorité des bénéficiaires de ces contrats sont des personnes âgées, des jeunes, des agents publics et des professionnels indépendants.

Augmentation des dépenses et nouveaux traitements

Plusieurs facteurs sont mis en avant pour expliquer ces chiffres. Tout d'abord, les dépenses de santé augmentent structurellement en France, sur fond, notamment, de vieillissement de la population. En 2023, elles ont ainsi progressé de 5,2 % en France, après une hausse de 4 % l'année précédente.En parallèle, les prestations versées par les mutuelles progressent aussi, comme sur le dentaire, l'optique, ou l'audiologie, à la faveur de la montée en puissance de la réforme du « 100 % santé » (soins remboursés à 100 %). De nouvelles prestations font aussi l'objet de remboursements. La prise en charge des nouveaux traitements contre la bronchiolite ou l'engagement dans la prévention bucco-dentaire, sur les caries notamment, devraient par exemple coûter 2 millions d'euros en 2025 aux complémentaires santé.

En revanche, la situation est beaucoup plus floue sur d'éventuels transferts à venir de l'Assurance Maladie vers les complémentaires, en l'absence d'un vote sur le budget de la Sécu. Si certaines entreprises avaient prévu des transferts pour l'année à venir, en fixant leurs tarifs, toutes n'en avaient pas anticipé l'ampleur.

Un impact financier de 1,1 milliard d'euros

Une augmentation des tickets modérateurs sur les médicaments et les consultations médicales était notamment envisagée, avec un impact financier de 1,1 milliard d'euros. Dans le détail, dans une étude réalisée avant la censure du gouvernement Barnier, le courtier WTW France estimait que l'augmentation du ticket modérateur de 30 % à 35 % sur la médecine de ville entraînerait une hausse de 1,3 % des prestations totales en année pleine. La diminution de la prise en charge des médicaments par la Sécurité sociale (-5 %) aurait, elle, engendré une augmentation de 1,05 %.

Des mesures écartées de facto par la censure. Mais il « paraît peu probable que tous les transferts soient enterrés », a souligné Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française. « Cela ne nous satisfait pas plus que cela d'annoncer de telles hausses, cela doit servir d'alerte aux pouvoirs publics », a-t-elle avancé, tout en plaidant pour une « réflexion beaucoup plus structurelle sur les dépenses de santé ». Car malgré une importante hausse des cotisations, les organismes complémentaires étaient encore globalement en déficit sur 2023, révèle une étude de la Drees publiée mercredi.